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Les voitures sans permis sont-elles réservées aux vieux et alcooliques ? Reportage

Derrière ce titre un brin provocateur, nous nous sommes intéressés aux voitures sans permis. Nous avons en effet reçu des statistiques concernant les conducteurs de voitures sans permis. Chez PDLV, on ne se contente pas de republier ce que l’on nous envoie, on le vérifie. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés pendant trois jours, au volant d’une Aixam Crossline : une voiturette. Retrouvez notre essai en vidéo… On a rarement autant eu peur pour notre vie lors d’un essai…

“Encore une VSP qui bloque la route”

Qui n’a pas déjà vociféré cette phrase ? C’est vrai, après tout, vous n’avez pas demandé à être ralenti à 45 km/h sur cette départementale. Les voitures sans permis, ou VSP, sont souvent vues comme des boulets sur la route. Des engins catégorisés de “pot de yaourt” qui souffrent au moins autant que ceux qui les conduisent, ceux qui se font appeler “vieux schnok“, “cassos” ou “alcoolique“.

Un peu dure mon approche, non ? Pendant trois jours, nous avons décidé de nous glisser dans la peau d’un conducteur de voiture sans permis. Notre objectif : laisser les préjugés de côté et tout vérifier par nous-même. Allons-nous être insultés ? Va-t-on nous prendre pour des alcooliques qui ont perdu le sésame rose ? Va-t-on nous demander de passer la deuxième alors que nous serons à fond ?

Autant de questions auxquelles nous avons voulu répondre. Le concessionnaire Breillon-Bertron, situé à Saint-Berthevin, nous a confié les clés d’une Aixam Crossline small, afin de vérifier par nous-même ce que pensent les français des voitures sans permis.

Qui roule en voiturette ?

Jean-Louis G., commercial chez Breillon-Bertron, nous a expliqué que sa clientèle était composée de femmes veuves, qui n’ont jamais passé le permis de conduire. Après le décès de leur mari, elles souhaitent retrouver leur indépendance et partent sur une voiture sans permis. Il y a aussi des personnes qui ont échoué à l’examen du permis de conduire. Après plusieurs tentatives et billets dépensés, elles s’orientent vers la voiturette.

Notons aussi les personnes qui présentent un handicap plus ou moins léger. Une vue très basse, par exemple, peut vous empêcher d’obtenir le permis. Dans ce cas, il n’y a pas d’autres choix que d’opter pour la voiture sans permis, ou le scooter de 50 cm3.

Bien entendu, il y a aussi les personnes qui ont perdu leur permis de conduire. Et pas nécessairement pour alcoolisme. D’un point de vue purement statistiques, nous constatons que la majorité des cas concerne des personnes qui n’ont jamais passé le permis de conduire.

81 %

n’ont jamais passé le permis de conduire

10 %

roulent en VSP suite à la perte du permis

9 %

ont échoué à l’examen du permis de conduire

Notons que 67 % des conducteurs de voitures sans permis sont des hommes tandis qu’il y a seulement 33 % de femmes à en conduire. La majorité des conducteurs à plus de 50% (32%) tandis que les 14 à 18 ans ne représentent que 9% du total des conducteurs de voitures sans permis. La principale raison ? Le coût des voiturettes.

La législation

Si vous êtes né avant le 1er janvier 1988, vous pouvez conduire librement une voiturette. Si vous êtes né après cette date et que vous n’avez jamais passé le permis de conduire, alors vous devrez passer le permis AM, successeur du BSR. Dans le cas d’un permis B suspendu, le permis AM sera un passage obligatoire aussi… À la condition de ne pas avoir d’interdiction de toucher un véhicule à moteur.

Voilà qui porte à réflexion… On se rend assez vite compte que les préjugés que nous avons sur les voitures sans permis ne sont pas totalement fondés. Bon, ça, c’était pour la partie théorique. Nous avons voulu aller plus loin en prenant nous-même les commandes de notre Aixam Crossline small, prêtée pour 3 jours.

Notre VSP : une Aixam Crossline Small de 2010

Le modèle qui nous a été confié est une Aixam Crossline. Il s’agit d’une marque française qui détient le monopole, avec 41% de part de marché, devant Ligier (23%) puis Microcar (11%). Les voitures sans permis sont aujourd’hui autrement plus tendance qu’il fut un temps. Fini le design de cabine téléphonique. Désormais, les VSP ressemblent à de vraies voitures, en réduction.

Le modèle que nous avons eu est la version break de la Crossline, dénommée small. Son design est assez moderne, sans aller dans l’extravagance. Ce n’est pas plus mal. Je ne peux m’empêcher de sourire à la vue d’une voiture sans permis au look sportif. Là, c’est bien dosé. Nous allons analyser ce véhicule point par point, avant de prendre la route.

La carrosserie : avec un poids maximal de 350 kg à vide (500 kg depuis la nouvelle législation), les voitures sans permis sont construites avec un impératif de poids. La carrosserie est donc constituée de plastique, ce n’est pas une légende. Tout a été pensé pour réduire le poids au minimum. Cela se fait donc au détriment de la sécurité, avec l’absence de renforts au niveau du toit, par exemple. Mais y avait-il d’autres choix possibles ?

L’intérieur : c’est spartiate mais honnête. La planche de bord est d’un dessin sobre. D’autres voiturettes peuvent avoir des intérieurs très cossus. Sur ce point, c’est satisfaisant. L’assise est correcte mais fatigante pour le dos. La place à bord est très correcte ! Mieux encore, le coffre est juste immense. Pour faire les courses, c’est l’idéal, vous avez le volume de coffre d’un monospace ! Car oui, les voitures sans permis n’ont que deux places !

L’équipement : tout dépend du prix que vous mettrez dans votre voiture sans permis. Notre Crossline small fut vendue neuve dans les alentours de 12 000 €, ce qui correspond à un milieu de gamme. Au programme : vitres électriques, radar de recul et pare-chocs peints.

Le moteur : C’est le bon vieux bloc Kubota de 500 cm3. Un moteur diesel éprouvé qui délivre 5,4 chevaux, pour 1CV fiscal. Très bruyant, il demeure correct pour un usage citadin, où les accélérations sont très correctes. Seule la vitesse de pointe, limitée à 45 km/h, vous rappelle que vous êtes à bord d’une voiturette.

Pourquoi les voitures sans permis sont-elles si chères ?

C’est la grande question. Pourquoi une voiture sans permis est-elle vendue au prix d’une citadine bien équipée ? Plusieurs éléments de réponse à cela. Le premier, c’est parce que les voiturettes ont moins de demande que les voitures classiques. Les chaines d’assemblage sont donc moins faciles à rentabiliser.

Par conséquent, la deuxième raison est l’intervention humaine pour certaines opérations. C’est le cas par exemple des panneaux de carrosserie, qui sont collés et non vissés. L’ajustement est effectué à l’œil par un opérateur spécialisé. Ensuite, il y a le moteur diesel. Bien que de conception simple, ces moteurs sont assez coûteux à produire et font l’objet d’améliorations régulières pour réduire à la fois le bruit et les vibrations dans l’habitacle.

Enfin, il faut savoir que tout ce qui touche à la voiture sans permis est onéreux. Les assurances facturent très cher l’inexpérience des conducteurs de ces véhicules. Une assurance peut rapidement atteindre les 100 € par mois suivant le profil du conducteur.

Ces différentes raisons expliquent que le prix moyen d’une voiture sans permis avoisine les 11 000 €. L’étude que nous avons reçue précise que l’aspect financier est le principal reproche effectué envers les voitures sans permis.

La conduite d’une voiture sans permis

La prise en main de notre voiture sans permis s’est d’abord effectuée dans l’enceinte de la concession mayennaise. Nos premiers tours de roue se font simplement. Conduire une voiture sans permis est d’une simplicité déconcertante. La boîte de vitesse à variateur est automatique, il n’y a donc qu’à accélérer et freiner (et tourner le volant, accessoirement).

À bord : tout ne tremble pas ! Oublions le vieux cliché. Le bruit du moteur est en revanche bien présent et nous causera même un léger mal de tête au bout de la première journée. Bon, il est vrai que nous avons pas mal roulé. Et que l’essai d’un Audi Q7 e-tron cette même journée nous a un peu chamboulés !

En ville : avec son petit moteur Diesel, notre Aixam est à l’aise en ville. Les 4,5 chevaux paraissent bien désuets mais les 350 kg se bougent sans difficultés. Cependant, si vous mettez le pied au plancher, les roues avant peuvent même patiner ! Hormis cela, la conduite y est agréable. C’est clairement le terrain de jeu favori de la voiturette. En revanche, la législation encadrant la voiture sans permis a poussé les constructeurs a opté massivement pour le diesel, ce qui est regrettable, surtout en ville.

En campagne : c’est agréable mais les 45 km/h sont très rapidement atteints. On est alors confrontés à des dépassements pas toujours bienveillants de certains automobilistes. En soit, on peut le comprendre, les VSP sont des véhicules lents, mais il y a un minimum à respecter. Pour ma part, je serais beaucoup plus vigilant à l’avenir ! Mention spéciale pour le tracteur agricole que nous avons réussi à dépasser !

Le freinage : gros point noir, le freinage manque cruellement de mordant. Même en pressant au maximum la pédale de gauche, la voiturette décélère simplement. Il convient donc d’anticiper un maximum sous peine d’accident. Sortant d’une voiture classique, c’est ce qui m’a le plus surpris dans notre Aixam Crossline !

Le comportement des automobilistes

Avant de débuter cette expérience, nous souhaitions en savoir un peu plus sur les possesseurs de voitures sans permis. Tout d’abord, c’est une vraie communauté. Nous avons salué tous les conducteurs de VSP que nous avons croisé : nous avons systématiquement eu un signe amical en retour ! Une constante en revanche sur plusieurs forums de discussion, une véritable haine anti-automobiliste. Est-ce vraiment fondé ? Nous l’avons testé.

En général, tout se passe bien…

Nous avons été confrontés à de nombreux automobilistes qui nous ont dépassé. Alors que nous craignons d’être insultés, rien de tout cela ne s’est passé ! Nous avons été dépassés proprement, sans queue de poisson ou autre. Une vraie bonne surprise. Quelques regards parfois moqueurs sont portés sur les personnes à bord, mais rien de plus. Bon, nous ne sommes peut-être pas tombés sur les profils dépeints sur les forums de voiture sans permis !

Des fois, ça casse !

Nous avons été une seule fois victimes d’un comportement à risque, celui d’un semi-remorque qui nous a dépassé sur une voie limitée à 90 km/h. En franchissant allègrement la ligne blanche, il est passé vraiment très près de notre petite auto… Frissons garantis !

Dure la vie en voiture sans permis !

Tout n’est pas toujours rose en voiture sans permis, voici des éléments que nous avons repéré qui nécessite quelques précautions ! Certains points sont à prendre au second degré mais nous tenions à vous les retranscrire tel que nous avons fait le constat le moment venu.

Fermer la porte, pas si simple : les portes de voiture sans permis sont très légères. Pour les fermer, l’astuce consiste à ouvrir légèrement les fenêtres. Cela limite la prise au vent et vous limiterez vos efforts. Un geste à prendre.

Fastidieux coffre : le coffre est lui aussi très léger et n’a pas de renfort. Pour le fermer, il convient donc de ne pas y aller trop fort. Surtout que la malle arrière n’est retenue que par la lunette arrière, directement sur le verre. Pour l’ouvrir, il faut actionner une manette située derrière la ceinture du conducteur. Pas très pratique.

La tenue de route : nous évoquions le freinage médiocre, la tenue de route n’est guère mieux. Il faut tout anticiper et ne jamais s’essayer à des vitesses trop rapides dans les ronds points. Les suspensions arrière sont minces et vous aurez vite fait de perdre le contrôle. Nous avons testé le fait de nous pencher dans les virages (comme en moto) afin d’améliorer la tenue de route. Et bien ça marche ! Nous aurons de plus, fait sourire bon nombre de passants !

L’orientation : autoroutes et voies rapides sont interdites aux voitures sans permis. Il faut donc trouver des itinéraires alternatifs. Cela rallonge considérablement les temps de trajet mais on profite du paysage et on peut découvrir des coins sympas. Heureusement, la plupart des GPS sur le marché permettent de décocher les voies rapides.

Comment assurer une voiture sans permis ?

En matière d’assurance auto pour voiture sans permis, les formules sont les mêmes que pour les modèles traditionnels. On retrouve un minimum légal : la responsabilité civile (aussi appelée assurance au tiers). Elle constitue une protection faible mais qui couvre les dégâts causés à autrui dans le cas d’un accident responsable. Pour avoir la prise en charge de l’incendie, du vol et du bris de glace, il faut privilégier le tiers étendu (intermédiaire). Dans un cas comme dans l’autre, si vous êtes responsable d’un accident, les frais de remise en état de votre voiturette sont à votre charge. Il est donc déconseillé de s’assurer au tiers si votre auto est récente, par exemple.

Le Tous risques est un bon compromis puisque tout est inclus, même en cas de sinistre responsable. C’est une sécurité appréciable. Sur les voiturettes, le prix des pièces détachées varie assez fortement d’un modèle à un autre. Si le marché de l’occasion se développe, il est parfois compliqué de trouver un pare-choc, par exemple. En effet, de nombreux panneaux de carrosserie (en plastique forcément) sont simplement collés et non vissés. Il est donc difficile de les retirer. C’est pour cela que l’achat en neuf des panneaux de carrosserie est préconisé. Si ceux-ci ne sont pas dans la bonne tête, une mise en peinture est à prévoir, ce qui augmente d’autant la note.

Pour trouver la meilleure assurance auto pour votre voiturette, je vais vous donner le même conseil que pour une voiture classique : comparez les prix avec un comparateur en ligne tel que LesFurets. Cela permet de trouver la meilleure offre. N’oubliez pas de vous intéresser aux garanties proposées, mais aussi aux franchises. C’est indispensable pour avoir une formule d’assurance qui corresponde à vos besoins.

Le bilan

Globalement, le bilan est mitigé, il y a du bon et du moins bon. Même si les débuts ont été un peu difficiles, nous ne regrettons pas cette expérience. Nous comprenons ainsi mieux les enjeux des voiturettes et ce que peuvent subir les utilisateurs au quotidien.

Les points positifs

Il y a tout d’abord le fait de disposer d’un véhicule, que nous ayons le permis ou non. Des personnes qui ne sont pas éligibles au permis de conduire disposent ainsi d’un moyen de transport plus sécurisant que le scooter et plus pratique que le bus.

Ensuite, le volume de coffre est tout bonnement imbattable. Le terme de pot de yaourt est donc complètement usurpé. C’est bien simple, on peut partir en vacances sans problème. Ça, c’est quand même top.

L’agrément de conduite, mine de rien, est lui aussi très bon. Notre voiturette s’est montrée réactive malgré ses 90 000 kilomètres au compteur. Elle est suffisamment dynamique pour s’insérer dans la circulation sans créer de bouchons monstres. Du moins en ville.

Les points négatifs

En revanche, les éléments de sécurité sont très insuffisants. La nouvelle loi permettant d’atteindre 500 kg est une vraie opportunité. Les fabricants vont donc pouvoir améliorer la rigidité de la caisse, insérer des renforts et des airbags. Un point négatif pour le moment, mais plus pour longtemps !

Ensuite, il y a la limitation de vitesse… C’est le principe même d’une voiture sans permis, mais il faut s’y faire. L’anticipation est une nécessité absolue. Au fur et à mesure, on apprend à s’engager rapidement et éviter les routes rapides.

Pour terminer, le comportement de certains automobilistes à l’égard des voitures sans permis est perfectible. Il faut donc anticiper certains comportements à risques… Ce qui est regrettable.

Thomas Drouart

J'ai fondé PDLV à 13 ans, c'était il y a... Pas mal de temps déjà ! Ma passion pour l'automobile n'a fait que s'intensifier. Depuis, ce blog a prospéré et nous permet de vivre notre passion à 100%. Mon pêché mignon ? Les Fiat Panda 100HP, les Porsche 911 type G et les brochettes bœuf-fromage. Je m'intéresse à tout ce qui roule, même si mon allergie au diesel me rapproche bien souvent du pistolet vert.

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