
C’est officiel, Peugeot va signer son grand retour aux 24 Heures du Mans, et plus généralement au championnat WEC. Pour ce come-back attendu, la marque au lion vient de dévoiler la 9X8 Hypercar. Un prototype qui ne manque pas de caractère et qui témoigne des ambitions de la marque. Après des victoires en 1992, 1993 et 2009, Peugeot envisagerait-elle de renouveler son exploit initial, trente ans plus tard ? Voici donc 10 questions communément posées à propos de cette Peugeot 9X8 et les réponses qui en découlent, naturellemment.
1. Pourquoi ce concept-car ?
Depuis quelques années déjà, Peugeot a repris des couleurs. La nouvelle identité, complétée dernièrement par un nouveau logo, montre bien le dynamisme de la marque. Qui dit nouvelle image, sous-entend que l’on peut s’ouvrir à un nouveau public. C’est indéniable, le contexte étant ce qu’il est, certaines pages doivent être fermées tandis que d’autres s’ouvrent. C’est notamment le cas de l’emblématique branche GTI… Parallèlement, le diesel perd des parts de marché et n’est clairement plus au cœur de la stratégie commerciale de Peugeot. Dès lors, on se rend assez vite compte que la Peugeot 908 HDI FAP, engagée aux 24 Heures du Mans de 2007 à 2011, n’aurait plus sa légitimité. La stratégie actuelle est donc totalement différente de ce que nous avons connu par le passé…

La Peugeot 9X8 est donc le symbole du retour de la marque dans les courses d’endurance. L’objectif, c’est bien sûr de tenter de remporter la célèbre course des 24 Heures du Mans, qui est très porteuse en matière d’image. Pour autant, la marque n’a rien laissé au hasard. Ce n’est pas juste une voiture de course, c’est une opération séduction. On le sait, les gens sont influençables, d’une manière générale. Le monde de la compétition automobile est souvent vecteur de ventes. Mieux encore, cela permet de créer une image et de se faire connaître auprès du grand public. Regardez le diesel, si la Peugeot 908 HDI FAP a existé, c’était aussi et surtout pour montrer aux gens que le diesel peut être économique et performant, en plus d’être plus vertueux pour l’environnement. Bon, l’aspect écologique a du plomb dans l’aile, mais la volonté était là.
2. Pourquoi un style aussi affirmé ?
Ce prototype de la Peugeot 9X8 est en réalité une maquette. Elle retranscrit néanmoins assez bien ce que sera le futur modèle, engagé en compétition. Déjà, on remarque le choix coloré, qui n’est pas anodin puisqu’il s’agit du Gris Selenium, couleur de présentation de la Peugeot 508 PSE, à l’essai dans quelques jours ! Un choix pas anodin. On note aussi un bouclier avant largement ajouré tout en étant très sobre visuellement. Les phares, décomposés en trois parties, reprennent la signature lumineuse traditionnelle, en l’extrapolant. Parallèlement, c’est surtout la symbolique (et le logo) du département sportif de la marque : Peugeot Sport Engineered, que l’on identifie. D’ailleurs, on retrouve des touches couleur Kryptonite. Les jantes, profilées, contribuent à cette belle dynamique. La livrée, plutôt sobre, mêle des touches noires et verte, plutôt subtiles.

À l’avant, on retrouve le grand (et nouveau) logo de la marque, et quelques sponsors, dont TotalEnergies. Le style Peugeot est donc bien marqué, avec un design réussi qui semble à mi-chemin entre les supercars les plus aguerries et les voitures de la catégorie Hypercar (qui s’appelaient anciennement LMP1). Le travail aérodynamique est très impressionnant avec une grande fluidité dans les lignes, qui contraste avec ce que l’on peut voir ailleurs. Pour rappel, la nouvelle catégorie Hypercar, en application depuis cette année, vise à réduire les coûts jusqu’à 80%. Peugeot affirme avoir voulu casser les codes de la catégorie, aussi bien en matière de design que de conception mécanique. D’ailleurs, on retrouve quelques traits qui évoquent ce que l’on a déjà pu voir sur la Peugeot 508 PSE.
3. Pourquoi la Peugeot 9X8 n’a pas d’aileron ?
Lorsque l’on parle de voiture de course, on pense forcément aux ailerons. C’est devenu un gimmick aussi bien pour l’aérodynamique (pour fournir de l’appui) que pour l’esthétique. Afin d’épurer la ligne, les ingénieurs, sous la houlette d’Olivier Jansonnie, directeur technique de Peugeot Sport et de Matthias Hossann, directeur du design de la marque, sont parvenus à se passer d’un aileron. La ligne est donc nettement plus pure. Il semblerait donc que l’appui soit suffisant. On notera toutefois un aileron vertical qui parcourt la partie supérieure, des ailes qui remontent assez haut grâce à des extensions… Et un fin spoiler frappé du logo Peugeot. Nul doute que l’absence d’aileron participe grandement à la bonne perception de la ligne de la Peugeot 9X8.

« Le nouveau règlement Le Mans Hypercar (LMH) a été conçu pour que tous les vecteurs de performance classiques soient nivelés. C’est passionnant, car c’est à nous d’inventer, d’innover et de trouver des opportunités de générer de la performance hors des schémas classiques. Cela a été notamment le cas pour l’aérodynamique. Le règlement nous autorise à avoir un seul élément aérodynamique ajustable, sans qu’il soit précisé que ce doive être l’aileron arrière. Nos calculs et nos simulations ont démontré que nous pouvions être très performants sans aileron arrière ».
– Olivier Jansonnie, directeur technique du programme WEC de Peugeot Sport
4. Quelle est l’ambition de cette nouvelle Hypercar ?
En 2012, Peugeot avait abandonné l’endurance afin de se concentrer sur les modèles civils. Un pari qui a porté ses fruits avec le développement de nombreux modèles, plus ou moins sportifs. Depuis le durcissement des normes environnementales, le blason GTI est passé à la trappe. Désormais, il faut créer une image au badge PSE et témoigner du savoir-faire des ingénieurs de Peugeot Sport. Pour cela, une victoire en compétition est hautement appréciable. La Peugeot 9X8 prendra donc part aux 24 Heures du Mans en 2022, avec deux voitures engagées. Cela permettra au département sportif de la marque au lion d’imprimer son image dans la tête du grand public. Convaincre des performances et de l’aboutissement de la branche PSE, c’est le meilleur moyen de créer une forme de descendance à la branche GTI.
5. Pourquoi faire le choix de l’hybridation ?
Si nous prenons un petit peu de recul sur les précédents engagements aux 24 Heures du Mans, on remarque que Peugeot a toujours suivi les mouvances du moment. Au début des années ’90, la Peugeot 905 accueillant un puissant moteur V10 essence capable de prendre jusqu’à près de 12 000 tr/m. Dès 2007, la Peugeot 908 est passée au diesel pour suivre l’effet de mode du carburant gras qui pue. En 2021, l’impact environnemental automobile étant à son paroxysme, il était nécessaire de donner une image “verte”. Et cela, aussi bien du côté des modèles civils qu’en compétition. Au même titre que la Peugeot 508 PSE, la Peugeot 9X8 Hypercar est logiquement hybride.

D’ailleurs, on découvre que le moteur est un V6 de 2.6 litres de 650 chevaux. Il est placé à l’arrière et a déjà fait l’objet de nombreux tests, délivrant sa puissance à l’arrière. La boîte de vitesses séquentielle renferme 7 rapports et il y a bien sûr une partie électrique à forte tension (900 volts), fournissant 272 chevaux sur l’essieu avant.
6. Peugeot aura-t-elle ses chances au Mans ?
Oui ! Les évolutions de la règlementation, l’expérience de Peugeot en la matière pourraient avoir un impact. Toutefois, il faudra patienter jusqu’en 2022 pour pouvoir voir et entendre les Peugeot 9X8 frôler la piste sarthoise de légende. Les pilotes d’essai sont déjà connus et ils ont tous des palmarès impressionnants, aussi bien DTM, qu’en Formule 1 ou en endurance. Il s’agit de Loïc Duval, Paul Di Resta, Mikkel Jensen, Kevin Magnussen, Gusta Menezes, James Rossiter et Jean-Eric Vergne. Tous vantent les mérites de cette Peugeot 9X8 qu’ils jugent aussi belle que prometteuse ! Car ne l’oublions pas, outre la voiture, c’est aussi et surtout la personne derrière le volant qui peut permettre de faire la différence.
7. Qu’est-ce que la Neo-Performance de Peugeot ?
C’est avant tout du marketing. Cela signifie le fait de proposer “une performance plus vertueuse et responsable, aussi bien sur les véhicules de production qu’en compétition“.

8. La Peugeot 9X8 Hypercar sera-t-elle déclinée en série ?
Il est vrai que ce serait une très belle supercar… Mais je ne pense pas que Peugeot ait réellement pensé sérieusement à commercialiser la Peugeot 9X8. Outre l’homologation pour la route, le prix de revient unitaire serait sans doute stratosphérique (équivalent à la cote de plusieurs Lancia Stratos). Ajoutons à cela que la plupart des hypercars, supercars et sportives sympas sont restées à l’état de concept ou de voitures de course : Peugeot Oxia, Peugeot 908 RC, Peugeot RC Carreau, Peugeot RC Pique, Peugeot 907…
9. Pourquoi un intérieur aussi coloré ?
En découvrant l’intérieur de la Peugeot 9X8, on a un peu les yeux qui saignent. Si à l’extérieur les touches de kriptonite sont plutôt subtiles, à bord, c’est autre chose. Tout semble avoir été dessiné à l’aide de formes géométriques très basiques façon Minecraft. Un rendu un peu brouillon qui permet de distinguer beaucoup de fibre de carbone, un volant sophistiqué qui semble accueillir un écran, un large rétroviseur intérieur et une assise agrémenté de harnais. Là encore, il n’est pas certain que le modèle de course finalisé soit aussi bariolé !
10. Pourquoi ce nom ?
Le nom d’une voiture n’est pas seulement destiné à identifier formellement une voiture, il participe pleinement à la compréhension. En ce moment, le chiffre “8” qualifie les modèles contemporains chez Peugeot, on le trouve donc légitimement en troisième position. Le “9” est destiné à l’identification des modèles de compétition extrême, comme les modèles d’endurance. La Peugeot 9X8 est logiquement incluse dans cette série. Pour donner une suite indirecte à la Peugeot 908 HDI FAP, la marque au lion aurait pu choisir 918. Mais cela aurait été remuer le couteau dans une plaie de 1964 ! C’est donc la lettre X qui a été retenue, pour symboliser à la fois la transmission intégrale et l’électrification de la marque. Maintenant, vous savez tout sur la Peugeot 9X8 qui écumera les circuits l’année prochaine !