
La voiture asymétrique, d’hier à aujourd’hui… Et celle de demain
C’est un fait, toutes les voitures ont un certain degré d’asymétrie. Que ce soit le positionnement des essuie-glaces, orientés dans un sens ou dans l’autre, les logos et sigles, le réglage des phares ou bien le côté de la trappe à carburant. La plupart du temps, les profils gauche et droit de nos voitures sont différents. C’est un article que je souhaitais réaliser depuis très longtemps et que je vous propose de découvrir. Vous le verrez, il y a bien des surprises et la Hyundai Veloster n’est pas seule à bord…
Les grands classiques de l’asymétrie !
Quand on parle d’asymétrie automobile, ne pas citer la Hyundai Veloster serait impardonnable. Ce coupé sportif a popularisé le concept de voiture non symétrique, en assumant parfaitement le fait d’avoir une seule portière du côté conducteur et deux du côté passager. Un pari osé qui a payé, bien que les volumes de vente n’aient pas été exceptionnels pour autant.

La Hyundai Veloster a néanmoins été réfléchie. En effet, les schémas familiaux deux parents-deux enfants ne sont pas universels. Les modes de vie évoluent, les besoins aussi. D’ailleurs, nous voyageons rarement à plusieurs dans notre voiture au quotidien. Ainsi, le fait de mixer coupé-berline au niveau des portières n’est pas stupide. Cela permet aussi aux bambins de toujours descendre du côté du trottoir… Niveau sécurité, c’est donc assez malin. D’ailleurs, ceux qui ont goûté au Veloster sont généralement attachés à ce concept décalé. Mais bref, cet article se veut le plus exhaustif possible, passons donc à un autre grand classique. Ou plutôt, une catégorie.

Étrangement, on ne pense pas de suite à la catégorie des ludospaces. Pourtant, il est fréquent que les Renault Kangoo, Fiat Doblo, Citroën Berlingo ou encore Peugeot Partner disposent de côtés gauche et droit différents. Lorsqu’ils ne sont équipés que d’une unique porte coulissante, celle-ci prend systématiquement place côté passager. Toutefois, ce type de design ne semble pas vraiment poser problème et est totalement rentré dans les habitudes des possesseurs de ludospaces, qu’ils soient à vocation familiale ou utilitaire.

L’asymétrie peut revêtir plusieurs formes. Nous l’avons vu avec les exemples précédents, ce sont souvent les profils qui sont différents. Parfois, les modifications sont plus subtiles. C’est par exemple le cas des Peugeot 206 et Renault Twingo, dont les aérations de capot ne se retrouvent que d’un côté. C’est subtil me direz-vous. Un exemple plus parlant est certainement celui de la Fiat Panda de première génération en phase 1 (1980 à 1986). Sa calandre intégrait une grille d’aération placée d’un côté. Diverses voitures japonaises ont hérité d’une telle disposition.

Toujours assez subtilement, on pourra noter que d’anciennes Citroën – mais aussi chez Renault – arboraient un logo excentré. Vous avez certainement en tête les Citroën XM de première série. Dans un autre registre, chez Alfa Romeo, les plaques d’immatriculation ont souvent été excentrées, afin de libérer la place à la calandre. Là encore, nous sommes sur un cas d’asymétrie assez intéressant, mais qui ne choque plus aujourd’hui. Si ce n’est pas à l’avant, c’est à l’arrière que l’asymétrie peut exister. Ainsi, les Land Rover Discovery ont toujours eu un coffre asymétrique. Cela n’a pas toujours fait l’unanimité et une entreprise a même proposé de corriger cette asymétrie sur la quatrième génération !

D’ailleurs, les voitures asymétriques ne sont pas un concept récent. En remontant l’histoire de l’automobile, on peut noter de nombreux phénomène d’asymétrie, tant en compétition que sur des modèles de série. Les exemples sont nombreux et plus ou moins probants. Je me contenterai donc de n’en citer que deux : les Jaguar Type D, dont l’aileron suit l’alignement de la tête du pilote, sur le côté droit, et la Plymouth XNR, un concept-car de 1960 dont l’asymétrie joignait l’utile au fonctionnel. L’espace libéré à l’arrière droit permettait notamment d’inclure un coffre s’ouvrant latéralement. Ingénieux !

Pour finir avec les grands classiques, intéressons-nous plus particulièrement aux jantes. Il y a quelques semaines, nous avions fait l’essai de la dernière génération de Ford Fiesta ST. Durant nos six jours de périple, un élément a attiré notre attention : les jantes de notre petite sportive. L’esthétique incluant des bâtons orientés façon turbine donnait un look différent aux côtés gauche et droit de la voiture. Ainsi, le côté gauche nous apparaissait comme plus dynamique. L’asymétrie, qu’elle soit plus ou moins discrète, peut donc faire la différence…
Des voitures asymétriques surprenantes…
Cette catégorie est également la vôtre puisque des références annexes doivent exister. N’hésitez pas à nous contacter pour des ajouts, ce sera avec plaisir que de compléter au maximum ce dossier. Forcément, il y a des surprises lorsque l’on creuse la question des voitures asymétriques.

L’un des exemples les plus souvent méconnus, c’est le châssis des Renault 6 et 16. En effet, en raison de barres de torsion, la roue arrière droite est en léger retrait par rapport à celle de gauche. Ainsi, l’espace entre la porte arrière et la roue est différent d’un côté et de l’autre. La Renault 4 disposait également d’une conception similaire. Une particularité qu’il est important de noter, car les châssis asymétriques sont rares et répondent exclusivement à un besoin fonctionnel.

D’autres voitures ont exploré le concept de voiture asymétrique. Ce fut notamment le cas de Heuliez. Ce carrossier français jamais en panne d’idées avait notamment réalisé un prototype de Peugeot 309 break, en 1988. Celui-ci sa caractérisait par une unique porte à gauche et deux à droite. Une configuration atypique que l’on retrouva sur un concept Ford.

Plus précisément, il s’agit de la Ford Fiesta Urba, de 1989. Celle-ci comprenait une double porte côté passager et une unique côté conducteur. Suivant qu’il s’agisse d’une version à conduite à gauche ou à droite, la double porte se trouvait d’un côté ou de l’autre. Urba devient par la suite une finition pour la Fiesta de troisième génération… À 3 ou 5 portes !

Pour cultiver l’aspect pratique, d’autres marques ont fait des choix plus subtils mais tout aussi ingénieux. C’est le cas d’American Motors Corporation (ou AMC pour les intimes), qui réalisa la Pacer, dès 1975. Cette compacte disposait d’une porte à gauche et d’une seconde à droite. Mais celle du côté passager était plus longue d’une dizaine de centimètres. Cela permettait de faciliter la montée et la descente des enfants, à l’arrière. Dans un registre plus subtil, les Volkswagen Golf 4 disposent de deux rétroviseurs de taille différente ! Celui du conducteur étant plus long que le passager.
Quand l’asymétrie est parfaitement assumée
Enfin, le fait de se passer de la symétrie peut être un choix parfaitement assumé… Cela peut même parfois faire partie intégrante d’un concept… Et même d’une voiture de série. À ce sujet, comment ne pas penser directement au Nissan Cube ?

Dans le cas du Nissan Cube, la marque nippone a eu l’audace de proposer son atypique minispace a plusieurs marchés européens. Les amateurs de véhicules atypiques ont été servis ! D’ailleurs, une communication originale a été mise en place, accentuant le fait que nos visages ne sont pas symétriques, tout en humour ! Et cela a marché, car même si les chiffres de vente ne sont pas montés aussi hauts qu’espéré, des ventes ont eu lieu.

Plus commune, la Mini Clubman (type R55) a fait l’unanimité. Se présentant sous la forme d’une Mini break avec une double porte arrière, elle était dotée d’une unique porte arrière, côté droit, à ouverture antagoniste. À notre grand regret, la seconde génération de Clubman (type F54) est revenue à une configuration traditionnelle, avec deux portes “classiques” à l’arrière.

Quand elle est assumée totalement, la voiture asymétrique permet de casser les codes et de se libérer de pas mal de contraintes. Je pense tout particulièrement à l’Orbitron, un concept-car américain de 1964 préfigurant la voiture du futur et qui semble être une HotWheels à l’échelle 1 ! Un pari osé à l’époque qui n’a pas abouti à une auto de série. Si les voitures asymétriques ont été présentes hier, elles le sont toujours aujourd’hui le seront certainement demain. D’ailleurs, des constructeurs misent là-dessus et l’affichent fièrement.

Prenons un exemple récent : le concept-car DS X E-Tense. Présenté en avril 2018, il imaginait à quoi ressemble la voiture en 2035. Là, l’asymétrie est reine. Que ce soit les face avant, arrière ou latérale, tout avait été pensé d’une manière différente. Ainsi, la voiture se présente sous la forme d’une enveloppe pour son conducteur et une seconde, façon cocon pour le passager. Il en découle une voiture qui bouscule les conventions… Mais qui séduit étrangement… Le futur passera-t-il par là ? Rien n’est moins sûr. Mais ce concept a le mérite de repenser la voiture telle que nous la concevons aujourd’hui.

Terminons par deux concept-cars très actuels également : les BMW Vision Connected Drive (2011) et Renault Eolab (2014). Deux visions, deux styles et deux voitures asymétriques… Les besoins des automobilistes évoluent, les modes de vie aussi, les compositions familiales également… Ces véhicules décomplexés et affirmés permettent de remplir des cahiers des charges toujours plus strictes tout en cassant les codes… Tout en instaurant de nouvelles manières de vivre l’automobile…