
Safety Concept Embodied in a New Innovative Car : voici la signification des lettres Scenic. Quatre générations ont vu le jour en 24 ans, ce qui pourrait laisser penser que le monospace de Renault est immortel. Mais il n’en est rien, le contexte économique actuel et l’engouement vers les SUV auront raison du Scenic qui s’effacera sous peu. Mais avant cela, revenons plus en détail sur le premier monospace moderne, dont les premières pierres ont été posées au début des années ’90.
Un concept innovant… qui se standardise
En 1991, Renault a présenté le concept-car Scenic, en collaboration avec Matra. L’objectif, c’est bien sûr de séduire les familles, en imaginant le concept de monospace. Dans les faits, les véhicules surélevés pour accueillir confortablement parents et enfants n’est pas nouveau puisque le premier Multipla, sur base de Fiat 600, présenté en 1956 est souvent considéré comme le précurseur. Le concept-car Scenic proposait un habitacle avec sièges avant pivotants, une cellule inécrasable, avec des air-bags, des caméras à la place des rétroviseurs, l’ABS, divers équipements multimédia d’époque, une climatisation double et même la transmission intégrale.

Si le concept en lui-même est intéressant, il donnera lieu à une version de série plus sage d’aspect et c’est logique : le Scenic doit toucher un public très large, majoritairement familial. D’ailleurs, Renault a choisi de positionner le Scenic en tant qu’évolution monospace de la Megane. Pour le Scenic 1 phase 1, on parle d’ailleurs de “Megane Scenic” avant que le modèle phase 2 de 1999 arbore simplement le terme “Scenic” tout en conservant un très-discret lettrage “Megane” sur les montants C. Mais finalement, le monospace de la marque au losange eut un très bon accueil et connut un immense succès, qui s’essora au fil des générations.
Quatre générations
Quatre générations de Renault Scenic se sont succédé entre 1996 et 2020. La dernière n’aura connu qu’une courte carrière de quatre années. Avant cela, passons rapidement en revue ces quatre versions, très visibles au sein du parc automobile français, même de nos jours où les SUV ont accaparé le marché.
Scenic 1 (1996 – 2003)
Le Scenic de première génération est arrivé en 1996 et connut un restylage bienvenu en 1999, qui apporte de nouvelles optiques, un train arrière à disque et des moteurs plus économiques et agréables. D’une manière générale, la première génération de Scenic a été un succès avec son style “bonhomme”, sa forme d’œuf et passe-partout et ses nombreux rangements. Elle disposa de moteurs essences allant de 1.4 litre à 2.0 litres, de 75 à 140 chevaux, d’un anémique diesel atmosphérique de 65 chevaux et de moteurs dT puis dTi de 80 à 100 chevaux, avant de céder leur place au dCi de 105 chevaux. Une version RX4 a vu le jour en 2000. Elle offrait la transmission intégrale et un look de baroudeur. Et même si le style du Scenic 1 n’est pas des plus excitants, le monospace français demeure un exemple de fiabilité et d’endurance. 2,8 millions d’exemplaires ont été écoulés !

Notre version coup de cœur : le moteur 1.6 16V essence de 110 chevaux du Scenic 1 phase 2 constitue assurément le meilleur compromis. Facile à trouver en occasion, peu coûteux à entretenir, il est également d’une très grande endurance tout en s’avérant économique à l’usage, avec la possibilité de descendre à 7 litres aux 100 kilomètres.
Scenic 2 (2003 – 2009)
La Megane 2 a entrainé l’apparition d’une seconde génération de Renault Scenic. Le style se veut plus carré et sérieux, donnant moins l’impression d’un cocon (ou d’un œuf). Forcément, ça plait. En 2003, nous sommes aux prémices de la diéselisation irréfléchie, ce qui entraine des pourcentages de ventes énormes en diesel. Et il faut bien l’admettre : le Scenic 2 phase 1 est une merde. Renault a multiplié les équipements électroniques pour garder une longueur d’avance sur son concurrent aux chevrons. Sauf que les problèmes et bugs sont innombrables. Pire encore, le moteur diesel 1.9 dCi de 120 chevaux est une catastrophe de fiabilité qui poussa bon nombre de Scenic 2 vers le garage.
Et si cela ne suffisait pas, le pare-choc avant, en plastique, a la fâcheuse tendance à voir son vernis s’écailler très rapidement. La phase 2, sortie en 2006, se reconnait à ses optiques et sa calandre inclinée. Cette fois, Renault a corrigé bon nombre des problèmes de la phase 1, si bien que cette version est tout à fait recommandable ! Du côté des moteurs, on trouve des moteurs essence atmosphérique, de 100 à 140 chevaux, ainsi qu’un 2.0 litres turbo de 165 chevaux. Tous sont très fiables et endurants. Du côté des diesel, le 1.5 dCi développe entre 80 et 105 chevaux. Il est complété par le désastreux 1.9 dCi de 120 chevaux, fiabilité sur la phase 2 et son passage à 130 chevaux. En haut de gamme, culmine le 2.0 dCi de 150 chevaux. Plus de 1,3 million d’exemplaires ont été produits.

Notons aussi l’apparition de la carrosserie allongée, permettant d’accueillir 5 personnes avec un plus grand volume de coffre ou bien sept personnes. L’allongement est cependant bien peu gracieux visuellement. La version surélevée prend le nom de Scenic Conquest. Cette fois, il s’agit simplement d’une préparation esthétique puisqu’il s’agit d’un modèle traction.
Notre version coup de cœur : évitez à tout prix les modèles phase 1, privilégiez un modèle phase 2, équipé du moteur 2.0 litres de 140 chevaux. Celui-ci compense le surpoids de cette seconde génération tout en offrant un très bon agrément de conduite et une excellente fiabilité.
Scenic 3 (2009 – 2016)
Cette fois encore, la Megane 3 entraine le Scenic 2 vers la sortie. Le style Renault à l’approche des années 2010 est relativement plat et impersonnel. Forcément, le Scenic n’est pas un canon de beauté. Cette fois, Renault pense un look différent pour la version longue du Scenic. Un premier restylage a lieu en 2012 mais c’est le restylage de 2013 qui est le plus intéressant, avec enfin une face avant harmonieuse. L’accueil de cette dernière fut d’ailleurs excellent ! Si l’habitabilité gagne en volume, le Scenic 3 s’en sort assez bien en termes de fiabilité. Au niveau des moteurs, les essence atmosphériques ont été remplacés dès 2009 avec le 1.4 TCe de 130 chevaux puis avec le 1.2 TCe de 115 ou 130 chevaux. Pour les diesel, ce sont à nouveau les 1.5 dCi de 85 à 110 chevaux, puis les 1.6 et 1.9 dCi de 130 chevaux et enfin le 2.0 dCi qui délivre 150 ou 160 chevaux.

D’une manière générale, ce Scenic de troisième génération s’en sort bien ! Il comble les lacunes de la seconde génération tout en renouant avec la fiabilité. Il remporte aisément les cinq étoiles au crash-test EuroNCAP et s’enrichit de nombreux équipements qui facilite la vie des familles. Cette fois encore, la version surélevée, nommée Scenic Xmod, se contente d’une transmission aux roues avant. Un système d’antipatinage (Extended Grip) spécifique a été proposé en option avec des résultats plutôt encourageant pour une traction ! Environ 600 000 exemplaires ont été écoulés, soit deux mois que le modèle précédent.
Notre version coup de cœur : le Scénic 3 phase 3 est réussi esthétiquement et permettra sans aucun doute une meilleure revente. Quant aux motorisations, il sont tous très recommandables puisque fiables en endurants !
Scenic 4 (2016 – 2020)
En 2016, Renault a bien pris conscience que le modèle même du monospace avait pris un coup de vieux. Le SUV, décliné dans plein de formats différents, a cannibalisé une bonne partie des ventes. Dès lors, le Scenic de quatrième génération reprend les codes du SUV. Il s’enrichit par ailleurs de série de jantes de 20 pouces, qu’elles soient en tôle ou bien en aluminium. Les moteurs sont exclusivement suralimentés par turbo, aussi bien en essence qu’en diesel avec entre 95 et 160 chevaux. La fiabilité semble assez bonne dans l’ensemble même si le 1.2 TCe 115 a été sujet à des soucis de casse moteur et a fait l’objet d’un rappel.

Néanmoins, après seulement quatre années de commercialisation, le Scénic est arrêté. Il n’aura connu aucun restylage. Notons cependant qu’il fut également proposé en version longue avec là aussi un design quelque peu différent. La version longue pourrait cependant être maintenue plus longtemps que la version 5 places.
Notre version coup de cœur : le moteur 1.6 dCi 160 est souvent remarquée pour son bon rapport poids/puissance et son agrément. Mais n’espérez pas de sportivité pour autant : le 0 à 100 km/h n’est réalisé qu’en 10,7 secondes, malgré la présence de série de la boîte robotisée EDC.
Un public qui évolue et disparaît

À l’origine, le Renault Scenic souhaitait attirer les familles. D’ailleurs, dans ses communications, la marque au losange présentait des visuels où toute la famille se retrouvait à bord du monospace pour partager de bons moments. Sauf que comme souvent, entre la théorie et la pratique, il y a souvent un fossé. Rapidement, ce sont les personnes âgées qui ont constitué une part non négligeable de la clientèle. La position de conduite surélevée était idéale pour les dos sensibles. Fatalement, cela renvoie une image ni très moderne ni très valorisante pour Renault. Bien qu’il se soit réinventé à chaque génération, le Scenic trimballe cette image de “voiture de vieux”. Les familles, quant à elles, sont plus enclines à s’orienter vers les SUV. Quant aux personnes âgées, elles ont tendance à partir maintenant sur des SUV plus compacts, comme les Renault Captur, Peugeot 2008 et autres Citroën C3 Aircross. Quel public reste-t-il pour le Scenic ? Plus grand monde…
Une fiabilité parfois discutable
Durant ses 24 ans d’existence, le Scenic aura connu des hauts et des bas. Mais dans l’ensemble, il demeure un modèle plutôt fiable, endurant, avec une fiabilité éprouvée. Le Scenic 2 phase 1 est sans nul doute le modèle qui aura contribué à ternir l’image du véhicule. Renault a semble-t-il tiré des leçons du passé. Car sans être irréprochables, les modèles qui ont suivi ont largement relevé le niveau.
Le Scenic face à ses concurrents

Le Scenic a fait face, durant sa longue carrière, d’une concurrence de plus en plus développée. Son concurrent principal aura été le Picasso, d’abord nommé Xsara puis C4, avant de devenir le C4 SpaceTourer. La marque aux chevrons a toujours été dans une forme de mimétisme par rapport à Renault, sans faire mieux ni pire. Toujours est-il que la catégorie des monospaces se déplume de plus en plus. La mort du Mercedes Classe B est imminente, tout comme le Touran qui a conservé un style monocorde au fil des générations. Nul doute que le concept du monospace a vécu et qu’il est voué à disparaître. Il est toutefois probable qu’un département marketing affûté relance le concept dans quelques années avec un discours bien rodé et quelques éléments de style. Renault a cependant mis de la bonne volonté d’abord avec une version à transmission intégrale, avant de se rabattre sur un simple look baroudeur. Mais pas de version sportive, hybride ou électrique…
Une disparition inévitable

Au même titre que l’Espace et la Talisman, Renault va mettre fin à la carrière du Scenic. La volonté de la marque, c’est d’économiser deux milliards d’euros sur une période de trois ans. Cela passe donc par l’épuration de la gamme en ôtant les modèles les moins intéressants. Fatalement, le Scenic et l’Espace n’ont plus de raison d’être. Ils sont les derniers représentants d’une demande d’autrefois. La date de retrait définitive du Scenic n’est pas encore connue mais elle pourrait intervenir d’ici la fin d’année…