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Guide d’achat : une voiture à sensations pour 15 000 € ?

De nos jours, les voitures ont la fâcheuse tendance d’être aseptisées. Si les performances sont bien meilleures que leurs aïeules, les sensations sont souvent bien moindres. On ne ressent plus grand chose, ce qui pousse à se conforter en regardant le 0 à 100 km/h. Loin de tout ça, il existe des voitures dont la principale vocation est d’offrir du plaisir. Je vous propose de passer en revue quelques modèles accessibles à moins de 15 000 € qui ne se contentent pas d’accélérer en lignes droites. Cette publication sera enrichie régulièrement en fonction des sorties de nouveaux modèles ou de la décote d’autres.

Secma F16 : la plus atypique

Secma F16

Son nom est souvent comparé avec celui d’un médicament traitant la diarrhée. La Secma F16 est un véhicule français assez atypique, né en 2008. Le style, déjà, fait penser à un buggy, qui ne laisse rien présager des performances. La carrosserie est minimaliste, avec des portières amovibles, des roues à peine carénées, tout semble avoir été disposé pour faire en sorte de réduire au maximum le poids. Et ça marche puisque l’ensemble ne pèse que 560 kg. À cela s’ajoute un moteur Renault, en l’occurrence l’increvable 1.6 16V de 105 chevaux desservi par une boîte manuelle à 5 rapports. Cela peut paraître peu mais le rapport poids/puissance est celui d’une Audi TTS de 272 chevaux.

Stricte propulsion, cette mini voiture offre des performances assez incroyables, avec le 0 à 100 km/h en 5,6 secondes, un moteur en position en position centrale arrière pour une répartition parfaite des masses… Très près du sol, le conducteur et son passager profitent d’un tempérament explosif. Comme quoi, nul besoin d’avoir 400 chevaux pour avoir des sensations. Il y a cependant des compromis à faire : les longs trajets sont une punition, les remous d’airs sont nombreux et le freinage demeure perfectible. On trouve des Secma F16 dès 15 000 €, avec un kilométrage plutôt faible. Un achat sans risque et 100% plaisir. Un vrai kart homologué sur route pour puriste. Le look “buggy” peut cependant rebuter…

Notre conseil : 15 000 € est un budget assez bas pour trouver une Secma F16 néanmoins, les bonnes affaires existent. Le moteur en question est réputé pour sa fiabilité et son endurance, grâce notamment à une conception simple (pas de turbo). Privilégiez un bon entretien et par chance, comme il s’agit d’une voiture de passionné, rares sont les exemplaires négligés.

Anecdote : De nombreuses pièces de l’habitacle sont issues de Renault ou du groupe PSA, dans le but de réduire les coûts.

Lotus Elise S1 : l’indémodable star

Poursuivons avec un modèle star et emblématique : la Lotus Elise de première génération. Avec sa ligne de supercar, tout en courbe, il est difficile de ne pas tomber sous le charme. La première génération affiche un look intemporel tout en conservant des ancres de son époque, comme les clignotants orange. D’ailleurs, l’Elise S1 est commercialisée depuis 1996. Celle-ci est une propulsion, avec le moteur en position centrale arrière, qui ne pèse que 730 kg en ordre de marche. Le châssis est d’une grande rigidité, la tenue de route est bluffante et le moteur a un tempérament génial et inlassable. En revanche, oubliez toute notion de confort et heureusement ! L’Elise va à l’essentiel et c’est ce qui fait tout son charme. Adieu moquette, climatisation, lève-vitres électriques et même fermeture centralisée et pare-soleil ! L’air conditionné n’est même pas présent.

Avec votre budget de 15 000 €, vous devrez vous orienter sur la version la moins puissante, probablement avec la conduite à droite. Le moteur, justement, est un 4-cylindres d’origine Rover, d’une cylindrée de 1.8 litre. Avec 118 chevaux, il témoigne pourtant d’un caractère explosif. La puissance maximale s’atteint à 5 500 tr/m. Les vocalises sont belles et les sensations sont incroyables. On a constamment l’impression d’aller vite même quand ce n’est pas le cas. Sur circuit, l’Elise S1 est joueuse même si les “petits” circuits sont sa tasse de thé. Un achat 100% plaisir !

Notre conseil : Ne soyez pas effrayé par la conduite à droite s’il s’agit de votre voiture du week-end. Un modèle RHD sera nettement plus accessible. Soyez aussi vigilant au joint de culasse, assez fragile, mais aussi à l’entretien car la courroie de distribution, par exemple, doit être remplacée tous les 4 ans ou 70 000 kilomètres. Vérifiez également l’absence de corrosion et le bon état des trains roulants. La capote, en toile, doit assurer une bonne étanchéité également.

Anecdote : La plateforme sur laquelle repose la Lotus Elise S1 ne pèse que 69 kg. Elle est constituée d’aluminium et s’avère largement visible depuis l’intérieur, en l’absence d’habillages.

Honda S2000 : pour l’amour de la zone rouge

Avec presque 1,3 tonne sur la balance, la Honda S2000 n’est vraiment pas légère. Pourtant, ce roadster, produit de 2000 à 2009 a de sérieux atouts à faire valoir. Outre une ligne très élégante, elle abrite un onctueux moteur atmosphérique : un 4-cylindres VTEC de 2.0 litres offrant 240 chevaux à 8 200 tr/m et 208 Nm de couple à 7 500 tr/m sur les roues arrière.

Vous vous en doutez, il faut donc monter dans les tours pour profiter de la rage de la S2000. Un travail colossal a été opéré afin de pouvoir atteindre sereinement les 9 000 tr/m. L’ensemble est conjugué avec une boîte manuelle à 6 rapports et les performances s’en ressentent avec le 0 à 100 km/h en 6,5 secondes. Bien sûr, ce n’est pas la voiture la plus radicale, ne serait-ce qu’en raison de son poids, mais l’agrément offert par le fabuleux VTEC en fait un choix recommandable pour ceux qui aiment les tempéraments explosifs au volant.

Quant au châssis, il est en X et bénéficie d’une très bonne rigidité, notamment sur le sinueux. Lorsque le VTEC envoie toute sa puissance, la poussée semble interminable, ce qui transforme le sage cabriolet en une voiture de course. Fatalement, le confort en pâtit, ne serait-ce qu’en raison de la sonorité qui devient très envahissante. Mais qu’importe, la Honda S2000 est une voiture de puriste comme on en fait plus. Elle reçoit un attirail intéressant, comme un différentiel Torsen, un ABS efficace et un bon freinage. En prime, c’est la voiture la mieux équipée et la mieux finie de notre sélection. La fiabilité est bonne dans l’ensemble même si des faiblesses sur la transmission sont parfois relevées. L’embrayage peut céder prématurément tout comme les synchros de boîte peuvent craquer en troisième et sixième. Les vidanges de pont sont essentielles pour une bonne durée de vie de la transmission.

Notre conseil : La Honda S2000 est une voiture de plus en plus recherchée, avec des cotes encore très hautes malgré un tirage à plus de 100 000 exemplaires. Vous devrez probablement opter pour un exemplaire ayant la conduite à droite car les LHD sont rares. Comme pour toute voiture, l’entretien doit être rigoureux et documenté, ce qui n’est pas le cas de toutes les Honda S2000 malheureusement.

Anecdote : Jusqu’à l’apparition de la Ferrari 458 Italia, la Honda S2000 avait le moteur atmosphérique ayant le meilleur rendement avec 120 chevaux par litre !

Caterham : retour aux sources

Pour les puristes, vous avez aussi la possibilité de revenir à l’essentiel : quatre roues, un moteur et c’est à peu près tout. La Lotus Seven, assemblée par Caterham, a pris le nom de son fabricant quelques années après. Pour autant, c’est un modèle dans la plus pure tradition Lotus, qui répond parfaitement au “Light is right” du fondateur de la marque, Colin Chapman. Caterham, c’est une marque qui a gardé l’artisanat et qui continue de proposer des voitures de puriste. Châssis tubulaire en acier avec panneaux d’aluminium, éléments de carrosserie en fibre de verre ou en carbone, poids aux alentours des 550 kg : tout est réuni pour en faire une voiture unique en son genre. Le style d’ailleurs plait ou déplait. Il s’apparente à une barquette, avec les roues aux quatre coins, deux petites places et parfois un fin pare-brise. Aucune place n’est laissée au confort ni aux équipements.

Pourtant, il existe plusieurs châssis qui correspondent à des besoins. Le châssis Série 3 est celui répondant aux dimensions originelles. C’est le plus compact et léger. Le châssis SV est agrandi de 10 centimètres en longueur et en largeur pour plus de confort. Enfin, le châssis CSR constitue une amélioration du précédent pour plus de rigidité. De multiples versions de Caterham ont vu le jour. Avec 15 000 € de budget, vous trouverez des modèles vendus génération entre 1993 et 2000. Notons que le moteur Rover, série K, est apparu en 1996 jusqu’en 2006 où c’est le Ford Sigma qui assure la relève. De par la conception très simple, l’achat d’une Caterham ne présente pas de grands risques pourvu que l’entretien soit à jour. De notre sélection, c’est certainement le modèle plus exceptionnel en termes de sensations… Tout en étant le moins polyvalent !

Notre conseil : Pensez à la Caterham Seven 165. Présenté en 2014, ce modèle dépouillé descend en puissance, perd du poids et des accessoires, comme les jantes alliage. Malgré ses 80 chevaux, cette Caterham offre déjà des performances honorables. En plus, elle ne pèse que 490 kg ! À sa sortie, elle n’était vendue qu’à partir de 26 995 €.

Anecdote : Caterham continue de produire des modèles, tout en préservant le style originel. Les évolutions sont toujours très subtiles. Les puissances sont néanmoins toujours plus folles. Ainsi la Caterham Seven 620R affiche 320 chevaux pour 650 kg…

Smart Roadster Brabus : la plus surprenante ?

Pour avoir des sensations, il n’est pas toujours nécessaire d’avoir une puissance à trois ou quatre chiffres. La Smart Roadster, qui fut vendue de 2002 à 2007, a été revue par Brabus. Le petit 3-cylindres turbocompressé de 0,7 litre passe ainsi à 101 chevaux et 130 Nm de couple. Si on ajoute à cela un poids de 895 kg, on découvre un rapport poids/puissance attractif. La version Brabus, c’est aussi une gueule puisqu’un kit carrosserie discret et efficace prend place, avec de belles jantes à six doubles branches.

À l’arrière, un discret spoiler habille l’arrière. Bref, un look sportif mais sans aller dans l’excès et ça marche bien ! Bien sûr, il s’agit d’une propulsion, réputée pour être assez joueuse. En Allemagne, quelques exemplaires ont été équipés d’un indécent V6 biturbo de 170 chevaux mais avec un budget de 15 000 €, vous devrez vous contenter de la version Brabus “classique” et ses 101 chevaux.

D’ailleurs, vous n’aurez nul besoin de dépenser tout le budget. En effet, les Smart Roadster Brabus sont généralement affichées autour des 11 000 €, pour un état plutôt bon ! Si les sensations sont au rendez-vous, avec une assise très près du sol, il faut malheureusement composer avec une boîte robotisée à 6 rapports qui ternit les performances. Un mode séquentiel est heureusement disponible. Le châssis est efficace, avec de bonnes reprises et malgré tout de belles sensations de conduite ! C’est une voiture réputée assez sécurisante à conduire, difficile à mettre en travers et qui s’apparente à un petit kart. Bien que les performances soient modestes, avec par exemple le 0 à 100 km/h en seulement 9,8 secondes, c’est une vraie voiture plaisir qui permet d’avoir des sensations à petit prix !

Notre conseil : Bien que les 101 chevaux puissent sembler légers, la Smart Roadster Brabus est un bon compromis pour qui cherche des sensations sans se ruiner. Elle apporte en prime une touche d’exclusivité appréciable. Alors bien sûr, une Mazda MX-5 pourrait tout à fait distancer ce roadster préparé par Brabus, mais les sensations sont bien différentes ! N’ayez donc pas “honte” de choisir ce modèle même si les chiffres – qui restent théoriques – ne sont pas glorieux.

Anecdote : la boîte robotisée des Smart est exécrable. Le Roadster Brabus bénéficie d’une révision qui rend le passage des vitesses légèrement plus rapide, sans ces temps de latence. Il en découle des à-coups… Mais est-ce vraiment dérangeant ?

Toyota GT86 : la plus civilisée ?

S’il est assez difficile de déterminer précisément la notion de voiture à sensation, je pense que la Toyota GT86 a néanmoins sa place. Pour rappel, il s’agit d’un petit coupé 2 places développé conjointement par Toyota et Subaru où elle prend le nom de BRZ. Fondamentalement, il s’agit des mêmes voitures à l’exception des boucliers et de quelques détails. Le design est élégant, avec de belles lignes, ce qui laisse penser à un compromis entre confort et plaisir. Le Cx n’est que de 0,27 !

Mécaniquement, la BRZ bénéficie d’une suspension avant plus ferme. La Toyota GT86 doit attendre 2014 pour récupérer un train avant plus incisif et raffermi. À côté de cela, la Toyota GT86 offre une conduite à l’ancienne. La répartition des masses est idéale, c’est une propulsion avec une boîte de vitesse manuelle bien étagée (6 rapports), avec une direction précise la possibilité de désactiver les aides pour encore plus de plaisir. Le différentiel autobloquant Torsen est livré de série en Europe. Le comportement est joueur et permet de prendre du plaisir même sans aller vite.

Mécaniquement, on trouve un 4-cylindres de 2.0 litres, atmosphérique, offrant théoriquement 200 chevaux à 7 000 tr/m ainsi que 205 Nm de couple. Dans les faits, la puissance se situe davantage autour des 180 chevaux. Malheureusement, les versions européennes sont richement dotées, ce qui aboutit à un poids de 1 239 kg. Fatalement, les performances n’ont rien d’exceptionnel mais qu’importe ; le plaisir est ailleurs. Les sensations sont celles d’un coupé propulsion de la belle époque, peu aseptisé. Bon freinage, châssis joueur, déconnexion possible des aides, entretien peu coûteux… Que demander de plus ? 15 000 € est dans la fourchette basse des petites annonces mais ce n’est pas introuvable pour autant. Si un modèle avec la conduite à droite ne vous effraie pas, foncez !

Notre conseil : sur le papier comme sur les bancs de puissance, la Toyota GT86 ne brille pas. Pourtant, c’est une voiture destinée exclusivement au plaisir de conduite. Elle offre un super feeling malgré un poids important. N’hésitez pas à remplacer l’échappement (très discret), à vider l’arrière et changer les pneus pour encore plus de sensations.

Anecdote : au Japon, il est possible de commander la Toyota GT86 RC. Celle-ci est simplifiée à l’extrême : les pare-chocs ne sont pas peints, les jantes sont en tôle, l’intérieur est vidé et l’équipement fait même l’impasse sur la radio et la climatisation. Celle-ci favorise ainsi l’efficacité tout en permettant de belles préparations !

Et les autres ?

Bien sûr, la notion de sensations est subjective et il va de soit que tout le monde ne trouvera pas son bonheur parmi les modèles énoncés ci-dessus. Nous aurions tout à fait pu inclure la Mazda MX-5, à titre d’exemple, mais cette dernière n’est pas vraiment radicale, pas même dans ses versions les plus puissantes. Il en est de même pour les Renault Clio RS, Peugeot 208 GTI et autres Ford Fiesta, qui restent malgré tout plus aseptisées et roulables au quotidien. Cela n’en fait pas de mauvaises voitures pour autant, bien au contraire. Si votre critère est la polyvalence, vous trouverez davantage votre bonheur dans ces dernières plutôt que dans les voitures citées dans notre article.

Thomas Drouart

J'ai fondé PDLV à 13 ans, c'était il y a... Pas mal de temps déjà ! Ma passion pour l'automobile n'a fait que s'intensifier. Depuis, ce blog a prospéré et nous permet de vivre notre passion à 100%. Mon pêché mignon ? Les Fiat Panda 100HP, les Porsche 911 type G et les brochettes bœuf-fromage. Je m'intéresse à tout ce qui roule, même si mon allergie au diesel me rapproche bien souvent du pistolet vert.

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