
Et si vous achetiez l’unique Heuliez Intruder ?
Et oui, nous allons encore parler d’un SUV sur PDLV. Mais avant de ronchonner, intéressons-nous à cet unique exemplaire qu’est le Heuliez Intruder. Lors du Mondial de l’Automobile de Paris, en 1996, cet engin a intrigué tout le monde. Beaucoup n’y voyaient qu’une infâme verrue. Pourtant, 25 ans plus tard, cette création Heuliez a dessiné les grandes lignes de ce qu’est l’automobile d’aujourd’hui. Croisement entre un Mercedes Classe G et une SLK, ce prototype renferme beaucoup de secrets. En attendant, vous pouvez vous porter acquérir de ce concept-car unique en son genre. Ce SUV-là, votre voisin ne l’aura pas. Promis !
Heuliez : carrossier, assembleur & constructeur
L’histoire de Heuliez est fascinante. Elle débute en 1920 et se concentre sur la réalisation de projets pour de grands constructeurs automobiles, comme Peugeot. Rapidement, le petit carrossier étend son offre et développe son studio de design et se dote d’outils de productions. Des pièces complexes peuvent ainsi être réalisées. Rapidement, de grands noms font appel à Heuliez pour réaliser leurs prototypes, comme Citroën, Mercedes ou encore Porsche. Les bus développés par Heuliez sont aussi très nombreux, à l’image du Megabus qui figure parmi les plus longs bus du monde ! Parmi les plus gros succès de Heuliez, il y a les Peugeot 205 T16, la Peugeot 206 CC et son ingénieux toit électrique rétractable… Ou encore l’Intruder. Il est désormais temps de nous attarder sur ce mystérieux 4×4 qui combine sur sa partie basse, les attributs d’un baroudeur et sur le haut, un cabriolet.

Commençons par remonter dans le temps. Nous sommes en 1996 et Mercedes vient de sortir la SLK. Celle-ci est donc un cabriolet simple dans ses formes mais très désirable. C’est clairement la voiture du week-end, pour tailler la route en campagne, sous le soleil, avec un pic-nic dans le coffre. La particularité de cette voiture, c’est d’avoir un toit rétractable en dur, en deux parties, capable de se rétracter automatiquement dans le coffre. Chez Heuliez, on parvient à reproduire ce système en quelques mois à peine afin de développer une technologie unique que l’on retrouvera notamment cinq ans plus tard sur la Peugeot 206 CC !
Heuliez Intruder : un curieux mélange
Quelques mois seulement après la présentation de la Mercedes SLK, Heuliez dévoile un inédit cabriolet tout-terrain. Le concept est particulièrement audacieux et intrigue. La base, c’est celle d’un Mercedes Classe G. La carrosserie, quant à elle, dispose de boucliers peints, d’une calandre inspirée des Mercedes, d’optiques bien intégrées, d’une certaine sobriété dans le design tout en affichant de séduisantes courbes. 25 ans plus tard, le design a particulièrement bien vieilli. Les traits sont restés relativement moderne, avec notamment un décroché volontaire de la ligne de caisse. La partie supérieure est celle d’un cabriolet disposant d’un toit en dur, rétractable dans le coffre en 30 secondes seulement.

Ce concept-car a reçu pas moins de trois couleurs de carrosserie. Il fut présenté en noir, puis fut repeint en blanc et enfin rouge. C’est seulement après une restauration intégrale que le modèle a récupéré sa peinture grise d’origine. Un SUV cabriolet, c’est aujourd’hui une réalité. Les Range Rover Evoque et autres Volkswagen T-Roc en sont l’illustration. Mais bien avant ces modèles, il y avait eu les Suzuki Samurai, Jimny ainsi que le premier Toyota RAV4. Encore avant, des 4×4 découvrables ont existé, comme le Dodge Dakota. Cet Heuliez Intruder est avant tout révolutionnaire pour son positionnement inédit… Puisque contrairement à un Volkswagen T-Roc, nous n’avons pas ici un simple franchisseur de trottoir mais un modèle réellement capable de s’aventurer hors des sentiers battus !
Une silhouette unique. Enfin presque
Ce concept-car recevait la motorisation du Mercedes G 320, à savoir un moteur V6 3.2 litres essence de 211 chevaux couplé à une boîte automatique à 4 rapports. L’habitacle demeure limité à deux places seulement. La volonté d’Heuliez n’était pas de créer une familiale découvrable. C’est avant un exercice de style qui devait être vu et marquer les esprits. Sur ce point, c’est pleinement réussi. Le plus surprenant, c’est que l’Intruder, qui est un concept-car, a donné vie à cinq modèles de série, qui sont appelés Contender. Contrairement à l’Intruder, ils se caractérisent par un toit en dur fixe ; ce sont donc des coupés.

C’est bien le prototype originel qui est à vendre en ce moment-même. La restauration complète s’est faite alors que le concept-car n’affichait que 1 700 kilomètres au compteur. Le coût total de l’opération a nécessité un investissement record de 280 000 €. Une somme colossale qui s’explique notamment par une révision intégrale de la mécanique, de la carrosserie et du toit découvrable. Le prix de vente affiché est de £174 995, soit environ 191 000 €. Une somme presque raisonnable vu le coût de la remise en état. Pour ce prix-là, vous pourrez vous offrir une réalisation très audacieuse de la part d’Heuliez, comme on n’en verra plus. Heuliez a malheureusement cessé son activité en 2013. Le véhicule est à vendre chez DK Engineering et l’annonce est consultable ici !
Un véhicule précurseur ?
Nous sommes en 2020, bientôt en 2021 et l’Heuliez Intruder va donc sur ses 25 ans. Un 4×4 cabriolet, cela paraît stupide sur la forme, puisqu’il s’agit de deux types de véhicules ayant des vocations bien différentes. On peut cependant s’interroger sur un point… Et si le 4×4, ou plus spécifiquement le SUV, devenait un standard ? De nos jours, on trouve des SUV sportifs, des SUV cabriolets, de petits SUV, de grands SUV… Bref, ce type de véhicule surélevé s’est imposé. Les familles y trouvent leurs comptes, les vieux accèdent facilement à bord. Le SUV, c’est aussi un marqueur social, on veut avoir une voiture plus grosse que celle du voisin. Dès lors, il y a fort à parier que la SUVisation déjà bien engagée se poursuive. Verra-t-on un jour des SUV supercars ? Ce fut un peu le cas si l’on prend exemple de la Megatrack… Ou encore le Lamborghini Urus.
Bref, cet Heuliez Intruder était clairement en avance. On peut le trouver moche, dégueulasse, infâme ou purement inutile… Mais il a réussi à l’exploit d’anticiper les tendances. Après tout, les 4×4 comme les cabriolets ont pour point commun le fait d’être potentiellement des véhicules de loisirs. Alors certes, il est exagéré sur pas mal de points, comme la taille des jantes ou encore la hauteur de caisse. Mais il fallait marquer le coup et être vu. Quoiqu’il en soit, ce modèle a particulièrement bien vieilli, autant sur le fond que sur la forme. L’histoire automobile n’est qu’un éternel recommencement.