Mardi matin. Nuit courte suivie d’un double expresso et de deux heures de route. Me voilà en Île-de-France où je récupère la clé de l’Abarth 595 EsseEsse qui sera mienne pour les quatre jours à venir. Vous le savez déjà, la version survitaminée de la Fiat 500 est au catalogue depuis pas mal d’années déjà. On en voit régulièrement dans la rue et je dois reconnaître que je n’ai pas eu cet effet “whaou” en la découvrant. Pourtant, cette version EsseEsse a de vrais atouts à faire valoir. Et ça, je m’en suis assez vite rendu compte à son volant. Je vous invite notamment à découvrir cet essai en vidéo.
Fiche technique Abarth 595 EsseEsse
Dimensions | 3,66 x 1,63 x 1,49 mètre |
Poids | 1 045 kg |
Transmission | Traction (DGL en option) |
Boîte de vitesse | Manuelle, 5 rapports |
Commercialisation | Depuis 2019 |
Moteur | 1.4 litre turbo, 4-cyl. en ligne |
Puissance | 180 chevaux à 5 500 tr/m |
Couple | 250 Nm à 3 000 tr/m |
0 à 100 km/h | 6,7 secondes |
Vitesse maximale | 225 km/h |
Puissance fiscale | 10 CV |
Consommation mixte | 6,8 litres aux 100 kilomètres |
Prix du neuf | Dès 29 290 € |
Essai vidéo Abarth 595 EsseEsse
Comme un air de déjà-vu
Quand je réalise l’essai d’une voiture, j’aime bien commencer par en faire un long tour extérieur pour apprécier les choix esthétiques, les lignes et les détails qui la caractérisent. Sur l’Abarth 595 EsseEsse, il y a de quoi faire ! Mon regard est directement attiré par les magnifiques sigles “70th” qui font écho à la date de création d’Abarth, en 1949. À ce sujet, toutes les Abarth sorties en 2019 l’arborent tandis que les versions EsseEsse l’ont de manière systématique, même pour ma version d’essai immatriculée en janvier 2020.
Le design, vous le connaissez déjà et moi aussi. C’est celui d’une mini-citadine néo-rétro orientée GTI qui n’a guère évolué depuis son lancement en 2008. On note quand même que le second restylage, opéré en 2015, a largement modernisé la ligne avec des boucliers plus imposants et modernes dans leur dessin. Surtout, on a des feux arrière dont la partie centrale est peinte couleur carrosserie. Visuellement, j’adore ! Pour le reste, l’Abarth 595 EsseEsse ressemble à n’importe quelle autre Abarth grise avec jantes et bandes blanches…



Si la Fiat 500 cultive son côté néo-rétro, l’Abarth suit la même tendance. On retrouve une bonne partie des codes des modèles passés entre les mains du sorcier Carlo Abarth. La version EsseEsse, qui commémore l’histoire de la marque, a pour couleur de présentation le gris Campolovo que vous pouvez voir ici. Carlo Abarth récupérait des fonds de pots de peinture réservés à l’aviation et peignait avec ses voitures, sur base Fiat notamment. Selon lui, ce joli gris opaque mettait bien en valeur les volumes et les lignes de ses autos.
Et c’est vrai que ça marche bien ! L’EsseEsse se reconnaît aussi à ses jantes SuperSport blanches en 17 pouces, ses coques de rétroviseurs, son bandeau de pare-choc et bandes latérales de couleur blanche. Un look efficace sublimé par quelques touches de rouge. En 2009, Fiat proposait un kit EssEsse qui augmentait la puissance de la 500 Abarth de 135 à 160 chevaux et apportait de nouvelles jantes. Cette fois, l’Abarth 595 EsseEsse de 2019 est un modèle à part entière dans la gamme, avec une puissance de 180 chevaux.
Une 595 Compétition… en mieux ?
Si l’on met de côté les modèles 695, l’Abarth 595 EsseEsse constitue le haut de gamme. Mais alors, qu’apporte-t-elle de plus que la Compétition, vendue près de 3 000 € moins chère ? À vrai dire, peu de chose puisqu’elle reprend la même mécanique et la puissance, la dotation générale mais s’enrichit des jantes SuperSport en 17 pouces et d’éléments esthétiques de couleur blanche. Aussi, l’EsseEsse troque la ligne Monza au profit d’une ligne Akrapovic. Quand on regarde plus en détail, notamment à bord, on découvre tout de même quelques spécificités à cette version. D’ailleurs, vous vous demandez peut-être l’origine du nom “EsseEsse”. Ceci fait écho aux Abarth SS des années ’50 à ’70, qui se caractérisaient par le fait que Abarth recevait des Fiat inachevées prêtes à être modifiées… Sauf que le double S est fortement connoté et “EsseEsse” sonne nettement mieux.
Un design intemporel
Le design de l’Abarth 595, c’est un petit peu comme Michel Drucker : on en vient à se demander si le temps a un impact sur eux. À l’avant, on retrouve bien le look de la Fiat 500, qui n’a pas vraiment évolué depuis 2007. La version Abarth, qui en est à son troisième restylage, s’est d’abord appelée 500 Abarth avant de devenir l’Abarth 595. Le nouveau bouclier avant modernise assez bien la ligne, en renforçant le côté agressif. J’aime assez le fait que les lettres Abarth apparaissent subtilement dans la grille. C’est bien vu. L’entourage du logo de capot est en plastique effet satin et ça fonctionne bien.





Le profil est toujours aussi sportif, bien aidé par les jantes de 17 pouces et le rabaissement. Là encore, le style vieillit plutôt bien. On note les bas de caisse plus enveloppants, les écopes de pare-choc qui débordent sur les côtés et l’aileron qui allonge visuellement la ligne. Les pare-chocs sont aussi un peu plus épais, ce qui renforce le côté GTI. Enfin, les bandes Abarth complètement la panoplie, tout comme le sigle sur les ailes arrière. Simple, mais efficace.





À l’arrière, on retrouve un élément surprenant : la baguette de coffre marquée “500” et non 595. L’aileron sportifie le look, tout comme le diffuseur au look travaillé et la double sortie d’échappement Akrapovic qui n’est pas réputée pour sa discrétion. Les feux ont été remplacés en 2015 au profit de ce modèle dont la partie intérieure est “découpée”. Cela modernise lourdement le design et finalement, la petite Abarth, malgré une conception ancienne, reste encore dans le coup. Mais nous verrons qu’elle n’est pas exempte de défauts pour autant.
Comme dans une voiture de course !

On accède à bord de l’Abarth 595 EsseEsse par la porte conducteur qui surprend par sa légèreté. De là, on accède à deux beaux baquets Sabelt en cuir et tissu. On note un dos en carbone véritable avec une tirette rouge qui permet d’accéder aux petites places arrière. Le rouge, c’est la couleur emblématique de notre version EsseEsse que l’on retrouve sur les surpiqures, sur les ceintures de sécurité, en brodage sur les baquets et même sur les bagues pour les incliner. Le volant en cuir et alcantara est lui aussi du plus bel effet. On note une marque à midi en carbone. La prise en main est bonne et le levier de vitesse, souvent décriée pour son positionnement utilitaire, tombe finalement très bien sous la main ! La position de conduite est d’ailleurs très bonne et on se sent bien.
Le toit panoramique optionnel de notre exemplaire (750 €) apporte une belle luminosité à bord. Derrière le volant, on note un compte-tour digital dont le design est encore dans le coup. En mode Sport, il s’habille d’un fond rouge façon drapeau à damiers. La planche de bord est assez sobre et sans grande fantaisie. L’habillage de la finition EsseEsse est un plastique texturé très classique. Sur la console centrale, on note différents boutons, faciles d’accès. Au-dessus, on trouve un écran tactile de 7 pouces. L’ergonomie est correcte mais on note des temps de latence assez désagréables. Il supporte cependant CarPlay et Android Auto dès lors que l’on connecte son smartphone à la prise USB. C’est fonctionnel et le GPS TomTom est bien intégré.





À nos pieds, un pédalier alu réussi. À l’avant, la place ne manque pas et on en vient même à oublier que nous sommes à bord d’une mini-citadine ! SI nous passons à l’arrière, la place est forcément bien plus restreinte mais elle n’est pas ridicule pour autant. Même si les deux places se destinent avant tout à des enfants, des adultes y tiennent pourvu que les baquets Sabelt ne soient pas reculés au maximum. Quant au volume de coffre, il est donc relativement petit et cette minuscule plage arrière m’amuse toujours autant. En somme, un intérieur réussi dans l’ensemble, confortable tout en ayant une ambiance GTI bien présente. Mais cette fois encore, j’aurais aimé un peu plus d’originalité…

Le plaisir de conduite est au rendez-vous
Lorsque l’on conduit l’Abarth 595 EsseEsse, on a presque l’impression d’être au volant d’une supercar. La ligne Akrapovic offre des vocalises puissantes, surtout en mode Sport, ce qui a pour but d’ouvrir les clapets de l’échappement. On découvre assez vite que l’amortissement, assuré par des Koni FSD, est adapté. Ce n’est pas excessivement ferme, ni trop confortable. Le moteur ne rechigne jamais à monter dans les tours, avec des reprises très correctes. Les 180 chevaux et 250 Nm de couple autorisent des vitesses de passage en courbe intéressantes, surtout avec le différentiel à glissement limité Torsen en renfort (option). On se sent l’âme d’un pilote, bien enfoncé dans notre siège baquet, avec une sonorité impressionnantes et une tenue de route dans la bonne moyenne. Le freinage a également un bon mordant. Sur la EsseEsse, on dispose d’étriers Brembo rouges, avec des disques percés aux quatre roues.



Cette version reçoit le traditionnel moteur 1.4 litre, propre à toutes les 595 Abarth est ici poussé à 180 chevaux. C’est un moteur éprouvé, agréable et relativement fiable. Il dispose aussi d’un filtre à air BMC de série et d’un turbo Garrett GT1446. Bondissant d’un virage à l’autre, la petite italienne permet de belles trajectoires malgré une tendance au sous-virage que le DGL parvient à limiter.
Les pneus d’origine, des Pirelli P Zero Nero offrent un excellent grip, aussi bien sur le sec que sous la pluie, qui nous a suivi une bonne partie de l’essai. Difficile à mettre en défaut cette Abarth… Le mode Sport permet aussi d’améliorer la réactivité de l’accélérateur, ce qui est appréciable. En revanche, même si le plaisir de conduite est au rendez-vous, la boîte manuelle à cinq rapports seulement trahit la conception âgée de l’Abarth 595. C’est une boîte bien étagée, avec les trois premiers rapports assez courts et les deux derniers assez longs… Mais l’absence d’un sixième rapport est regrettable. Idem pour le régulateur ou limiteur de vitesse, absent même en option. En revanche, le levier de vitesse façon balle de golf conserve son charme !
Le plaisir de conduite ne se mesure pas en chevaux. L’Abarth 595 EsseEsse, qui se veut le fleuron de la gamme, l’illustre à merveille. À l’épreuve du 0 à 100 km/h, cette version de 180 chevaux (même puissance que la Compétition) demande 6,7 secondes. Forcément, on n’est pas collé au siège et certains pourraient lui reprocher le fait que “ça gueule plus que ça n’avance”. Et pourtant, on prend du plaisir en jouant de la boîte de vitesse, en bondissant d’un virage à l’autre. Au-delà de 4 000 tr/m, la sonorité devient rageuse.
Et chaque relâche de l’accélérateur est ponctuée d’une savoureuse déflagration à l’échappement. Le transfert de masse se ressent nettement et la voiture s’avère très ludique et agile en toutes circonstances grâce notamment à un poids dépassant de peu la tonne. Au quotidien, elle est plutôt facile à prendre en main et à stationner, même les espaces restreints avec une position de conduite assez haute. Le rayon de braquage est assez important cependant… Dans les manœuvres justement, on peut simplement jouer de l’embrayage. La voiture met elle-même des petits coups d’accélérateur pour permettre cela.





La conception ancienne de l’Abarth 595 n’a pas que des inconvénients. Le style néo-rétro se retrouve aussi à la conduite. On en viendrait presque à regretter que le turbo soit à géométrie variable… Moins de linéarité ajouterait encore plus de charme ! Ses concurrentes, plus modernes de conception, n’offrent pas ce même ressenti. De toutes manières, l’Abarth 595 EsseEsse est une voiture coup de cœur où le rationnel n’est que secondaire. Et sur ce point, il faut reconnaître qu’elle est très attachante !

Équipements de série
Jantes alliage 17 pouces | Climatisation automatique |
Apple CarPlay/Android Auto | Kit esthétique blanc |
Échappement Akrapovic | Pédalier carbone |
Antibrouillards | Boîte manuelle 5 rapports |
Freins Brembo | Baquets Sabelt |
Principales options
Gris Campolovo (550 €) | Peinture métallisée (850 €) |
Pack Carbone (2 200 €) | Différentiel à glissement limité (1 900 €) |
Toit ouvrant panoramique (750 €) | Projecteurs Xénon (750 €) |
Radar de recul (300 €) | Boîte automatique (1 500 €) |

Abarth 595 EsseEsse : la meilleure des Abarth ?
Abarth n’a pas pris trop de risques avec cette 595 EsseEsse. Très efficace, elle bénéficie pourtant des mêmes qualités et défauts que l’on peut trouver sur la version Compétition. Le prix de base est à 29 290 € en coupé et 31 290 € en découvrable. Un tarif élevé pour un modèle vieillissant. Il faut ajouter quelques options intéressantes – pour ne pas dire indispensables – comme le différentiel à glissement limité Torsen (1 900 €) et le toit panoramique (750 €). Mais à côté de cela, la petite italienne a beaux restes. Elle demeure une voiture plaisante, utilisable au quotidien, facile à vivre et qui donne le sourire. À titre personnel, c’est tout ce que j’attends d’une voiture plaisir.









Merci au groupe FCA France pour le prêt de la bête et Lorenzo Dalibard pour ses prises de vues dynamiques qui envoient du pâté. Son compte Instagram est ici !