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Mais pourquoi une telle haine envers la voiture électrique ?

Certains sujets sont plus faciles à aborder que d’autres. Parmi les thèmes les plus polémiques du moment, il y a la problématique de la voiture électrique. La moindre évocation d’une voiture électrique déclenche souvent un vent de haine. “c’est de la merde“, “c’est un complot” ou “ça pollue plus que le thermique” ne sont que des trois des remarques qui reviennent de manière sempiternelle. Est-ce une étroitesse d’esprit que de se fermer à ce que le gouvernement nous vend comme étant l’énergie d’aujourd’hui et de demain ? Passons en revue quelques aspects. Mais avant tout, rappelons que PDLV est un média indépendant. Cela signifie que personne ne nous finance pour orienter notre manière de penser et d’écrire.

1. Le “forçage” du gouvernement

La voiture électrique, elle existe depuis une bonne centaine d’années. Les lobbies du pétrole ont réussi à faire oublier la voiture électrique pendant pas mal d’années jusqu’au début des années ’90. À ce moment, on commence à voir ressurgir quelques voitures électriques : les Citroën AX et Peugeot 106 notamment. Mais ce sont des modèles très confidentiels, assez peu convaincants et avec une autonomie d’à peine 80 kilomètres . Le pire, c’est qu’un petit moteur diesel était installé afin de faire fonctionner le chauffage. L’image de la voiture propre, c’était pas encore pour maintenant. Par la suite, la voiture électrique a été quelque peu laissée de côté avant de faire son grand en 2010. C’est là que des modèles phares arrivent, comme la Nissan Leaf qui a popularisé cette technologie. D’autres ont suivi, massivement…

En quelques années, la demande en voiture électrique est passée de marginale à massive. Mais que s’est-il passé ? La raison est simple et elle se trouve du côté du gouvernement. Déjà, il y a le mythe de la voiture propre qui est avancé… Pendant longtemps, le gouvernement a encouragé l’achat de voitures à moteur Diesel en prétendant l’aspect écologique de ces moteurs, alors dotés de filtres à particules qui étaient sensés sortir un air plus propre à la sortie de la voiture qu’avant. À coup de bonus, des millions de français ont “bêtement” acheté des voitures Diesel, profitant de la carotte financière, sans se poser davantage de questions. La saturation de diesel sur le marché de l’occasion témoigne de ce passage.

Jouer sur la conscience écologique, ça fait généralement mouche. On le voit quotidiennement sur les réseaux sociaux, rares sont les personnes à vérifier les sources des informations qu’elles lisent. Dès lors, on croît ce que l’on voit sur BFM sans prendre réellement le temps d’une réflexion. À cela s’ajoute la future interdiction de la vente des voitures thermiques neuves qui renforcent l’idée qu’il est tant de changer sa “vieille” voiture essence ou Diesel. La part de marché de la voiture électrique augmente drastiquement, avec 110 899 véhicules en 2020 contre 42 764 en 2019…

Aujourd’hui, le discours a radicalement changé et c’est même assez bluffant ! Autrefois jugé vertueux, le Diesel est maintenant montré du doigt alors qu’il n’a jamais autant été dépollué qu’aujourd’hui. Loin de moi l’idée de faire l’apologie de ce carburant à la sonorité abjecte et qui n’est rentable que pour les gros rouleurs. Maintenant, ce sont les voitures électriques qui récoltent l’image de la voiture propre. Le bonus écologique ne s’adresse d’ailleurs plus qu’aux voitures électriques (et hybrides rechargeables pour le moment), signe d’une évolution du discours. Mais visiblement, cela ne choque pas plus que ça. Ceux qui avaient acheté un Diesel il y a dix ans s’orientent maintenant sur l’électrique. Simple moutonisme ? Oui, pour une bonne partie…

Les outils de propagande

Le plus impressionnant, c’est de voir qu’en quelques années seulement, l’automobiliste moyen a totalement revu sa manière de “consommer” sa voiture. Dans la tête des gens, la voiture électrique apparaît désormais comme une évidence. La raison ? Là encore, c’est avant tout de la communication. S’il est interdit de “confondre” voiture électrique et voiture propre, le gouvernement incite clairement à acheter des véhicules “peu polluants” en précisant qu’il s’agit uniquement de modèles électriques.

  • Le bonus écologique qui ne s’adresse plus qu’aux voitures électriques ;
  • La diabolisation des voitures thermiques ;
  • La prime à la conversion des voitures thermiques qui montre qu’elles appartiennent au passé ;
  • La vignette Crit’Air dédiée aux voitures électriques et la question des ZFE ;
  • La future interdiction de ventes des voitures thermiques qui incite à changer ;
  • Le site JeChangeMaVoiture.gouv.fr qui oriente vers la voiture électrique pour une “mobilité plus propre” ;
  • Le rabachage qui ancre l’idée d’acheter une voiture électrique ;
  • Les publicités.

Forcément, une personne qui ne s’y connait pas vraiment en voiture tombera facilement dans le panneau. Mais attention, loin de moi l’idée de dire que la voiture électrique est une arnaque. Bien au contraire. Chaque type de carburant présente ses avantages et ses inconvénients. Avant d’acheter une voiture électrique, il faut bien sûr s’assurer que cela corresponde réellement à ses besoins. Pour faire exclusivement de l’autoroute, il sera toujours plus intéressant d’acheter un Diesel plutôt qu’une électrique. De même, pour de la ville, la voiture électrique aura un rendement meilleur que tout autre énergie…

2. La notion subjective de “voiture propre”

La voiture propre, c’est un objectif qui n’a pas encore été atteint. Prenons un automobiliste lambda, qui ne s’y connaît pas en voiture. Face à une voiture électrique, l’image de la voiture propre saute aux yeux. Voici quelques arguments qui peuvent laisser penser aux gens que l’amalgame entre “voiture électrique” et “voiture propre” est possible :

  • Pas de bruit donc pas de pollution ;
  • Un design spécifique qui donne un côté précieux ;
  • Un bonus écologique à l’achat (oui, ça porte bien son nom !) ;
  • Votre vieux Diesel va être repris lors d’une prime à la conversion ;
  • Vous aurez une vignette Crit’Air spécifique qui vous garantit de pouvoir continuer à rouler partout ;
  • L’impression d’être “à la mode” ;
  • Il y a de plus en plus de bornes de recharge.

Forcément, ce sont des arguments qui peuvent convaincre. À l’inverse, une voiture électrique coûte forcément plus cher à l’achat et même si la technologie se vulgarise, le bonus écologique pouvant aller jusqu’à 7 000 € est indispensable pour convaincre. Pour autant, la notion de voiture propre est largement sujette à débat. Les constructeurs automobiles ont bien rodé leur discours : une voiture électrique ne pollue pas en roulant. Et ça, c’est totalement véridique.

Par contre, il est vrai que la dépendance au nucléaire est importante lors de la production d’électricité. Là encore, il s’agit d’une énergie verte mais qui génère tout de même des déchets dont leur traitement manque de transparence. Et que dire du lithium-ion ? Actuellement, il s’agit de la technologie la plus employée dont l’extraction exploite la misère humaine, pour une petite partie de la production, dans le meilleur des cas.

Parmi les reproches les plus fréquemment adressés à la voiture, la question de la pollution revient tout le temps. Il s’agit en effet d’un problème majeur. Outre la production de l’électricité, la question de la fabrication et du recyclage des batteries se pose. Plusieurs constructeurs ont tissé des partenariats avec des sociétés privés destinées au recyclage des batteries. C’est notamment le cas de la SNAM qui travaille avec le groupe Stellantis ou VAG.

Une autre question qui se pose, c’est de savoir si le nouveau déséquilibre dans les différentes sources d’énergie va permettre une gestion efficace à moyen et long terme de cette immense quantité de batterie. Forcément, il va falloir intensifier les moyens de recyclage, mettre en place de nouvelles stratégies et viser à améliorer les processus. Dans l’état actuel des choses, la voiture électrique montre un certain manque de maturité. L’explosion des ventes ne va faire que renforcer ce phénomène de la charrue qui devance les bœufs…

Pire encore, que deviendront ces millions de voitures électriques lorsque le lithium-ion aura été remplacé par quelque chose de plus efficient ?

3. L’autonomie trop faible

Parmi les reproches de la voiture électrique, il y a aussi l’autonomie. Cette fois, la mauvaise foi est clairement de rigueur. La plupart des voitures électriques sont capables d’offrir 300 kilomètres d’autonomie. Dans les faits, cela peut paraître peu. Si dans la nuit, il vous prenait l’envie de faire un Quimperlé-Marseille, vous pourriez être à court de batterie… Seulement, les études nous montrent que le kilométrage annuel des français est particulièrement bas, avec à peine plus de 13 000 kilomètres effectués à l’année. Cela représente moins de 40 kilomètres par jour.

La voiture électrique peut donc totalement convenir même si ponctuellement, effectivement, il y aura la problématique de la recharge. Mais vaut-il mieux avoir une voiture qui convienne 99,5% du temps ou bien se rabattre sur une voiture thermique si vous ne faites que de la ville ? Là encore, c’est surtout la question des habitudes qui se pose. Et en France, on reste généralement assez butés face à la nouveauté, en ronchonnant. Surtout que la question de la recharge est loin d’être problématique, le réseau de bornes électriques s’est massivement développé et les recharges rapides permettent un temps d’immobilisation réduit, que vous auriez sûrement pris pour aller faire pipi ou déguster un sandwich triangle acheté à 6 € sur une aire d’autoroute.

4. Des cas d’école ridicules

Ensuite, ce sentiment de haine envers la voiture électrique provient de plusieurs phénomènes, ridicules pour la plupart, qui ont largement terni l’image de la voiture électrique.

  • Les voitures électriques rechargées par des groupes électrogènes : et oui, il arrive parfois que des voitures électriques soient rechargées à l’aide de moteurs Diesel. La raison, c’est qu’en l’absence d’installations particulières, certaines entreprises utilisent encore ce type d’outils. La scène est hautement ridicule et il est bien difficile de trouver des arguments rationnels pour justifier cela. Cela a le mérite de montrer que la voiture électrique n’est pas adaptée à tout le monde ;
  • L’affaire des Berlingo et Partner électriques de la Poste réformés en masse : c’est une réalité qui démontre une fois de plus la conséquence de véhicules achetés sans tenir compte de l’usage qui en serait fait. En effet, ce sont 250 utilitaires légers qui sont partis à la casse après seulement quelques années de service et à peine quelques milliers de kilomètres au compteur ;
  • Le prix de la recharge : le manque de concurrence pousse certains acteurs, comme Ionity, a en profiter. Ce consortium de constructeurs (Audi, BMW, Ford, Porsche, PSA, Opel…) et d’entreprises diverses (Shell…) a largement gonflé ses prix, avec un prix à la minute qui a largement fait parler ;
  • Des pannes : la batterie à plat, cela arrive, souvent par négligence. Une voiture électrique sur une dépanneuse fait souvent l’objet de blagues lourdes sur les réseaux sociaux ;
  • Une image bobo agaçante : certaines marques tentent d’innover dans leur communication en cultivant le côté bobo dans leurs publicités de voitures électriques ;
  • Le design : les constructeurs ont la fâcheuse tendance d’affubler d’un style particulier leurs modèles électriques. Calandres pleines, jantes discutables, couleurs particulières… Certaines voitures électriques tombent ainsi dans le cliché et ne donnent pas spécialement envie.

5. Beaucoup de désinformation

Ensuite, il y a beaucoup de désinformation. La pollution de la voiture électrique, par rapport au thermique, est maintes fois débattue, avec des résultats qui empêchent clairement d’y voir clair. Dans les faits, il semble avéré que le recyclage des batteries semble enfin pris au sérieux. Toutefois, le lithium-ion demeure actuellement l’unique ressource sur le marché. En l’absence d’une meilleure alternative, on ne pourra pas s’empêcher de penser que la voiture électrique est loin d’être éthique. En revanche, elle se montre économique, notamment en entretien puisqu’une voiture électrique n’a pas besoin de vidange n’a pas de courroie de distribution à remplacer ni même d’embrayage…

La communication du gouvernement, qui encourage massivement l’électrique, ne fait que renforcer ce malaise. Je reste convaincu que tout le monde y gagnerait si chacun adoptait une voiture dont le moteur et le carburant conviennent réellement à ses besoins. Le tout-électrique sera loin de convenir à tous les usagers. En ringardisant le moteur thermique, la convergence vers l’électrique nécessitera donc de résoudre bon nombre de problématique : le réseau de recharge est-il suffisant ? Notre production d’électricité pourra-t-elle tenir le coup ? Que vont devenir nos garagistes puisqu’il seront de moins en moins sollicités ? En Norvège, une voiture neuve sur deux est électrique.

Le mot de la fin

La voiture électrique n’est pas mauvaise. Elle est d’ailleurs une véritable alternative au thermique, pour les urbains. Pour autant, l’autonomie ne cesse de croître ce qui élargit le champ d’action de la voiture électrique. Pour autant, l’offre explose et pousse petit à petit les voitures thermiques vers la sortie. Je reste convaincu qu’il y a de la place pour chaque type d’énergie. Malheureusement, le gouvernement nous rejoue le même scénario qu’avec le diesel il y a quinze ans.

Parmi les arguments souvent énoncés, il y a l’absence d’une sonorité… Là encore, le plaisir d’une voiture électrique est différent de celui d’une thermique et il faut être prêt à bousculer ses habitudes. Il y a du bon et du mauvais. Précisons que les batteries sous le plancher abaissent le centre de gravité et donc la tenue de route. Je ne peux que vous inciter à faire vos propres recherches et vérifier les informations en cas de doute…

Enfin, je pense qu’en tant que passionnés de voitures, nous portons un regard différent sur la voiture électrique qui n’est pas nécessairement celui de tous les automobilistes. Enfin, je vous invite tout de même à faire l’essai de voitures électriques dynamiques afin de vous forger votre propre opinion, car il est difficile de juger un sujet sans l’avoir essayé.

Thomas Drouart

J'ai fondé PDLV à 13 ans, c'était il y a... Pas mal de temps déjà ! Ma passion pour l'automobile n'a fait que s'intensifier. Depuis, ce blog a prospéré et nous permet de vivre notre passion à 100%. Mon pêché mignon ? Les Fiat Panda 100HP, les Porsche 911 type G et les brochettes bœuf-fromage. Je m'intéresse à tout ce qui roule, même si mon allergie au diesel me rapproche bien souvent du pistolet vert.

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3 commentaires

  1. le vrai problème de pollution des véhicules électriques, ce sont les batteries. Leur fabrication et leur utilisation massive et croissante ainsi que leur recyclage en fin de vie présentent des risques importants, du fait principalement des substances chimiques toxiques et corrosives que contiennent les accumulateurs électriques : Cette large production et utilisation des batteries électriques nécessite, par des mesures de prévention appropriées, de réduire toutes les expositions pour diminuer fortement les risques associés : https://www.officiel-prevention.com/dossier/protections-collectives-organisation-ergonomie/risque-chimique-2/la-prevention-des-risques-professionnels-des-piles-et-accumulateurs-electriques

  2. John, cet article avait réellement pour but de s’ancrer dans le présent et plus spécifiquement sur la France là où est l’essentiel de notre audience. La question de l’autonomie va effectivement évoluer avec le temps, c’est indéniable, de sérieux progrès ont été effectués là-dessus et pas seulement en gonflant la taille des batteries… Mais je ne pense pas que ce sera avec la technologie lithium-ion.

  3. je ne suis pas vraiment d’accord. Déjà ce journaliste a une vision très étriquée et uniquement sur la France alors que l’électrisation des VE est un projet mondial avec de nombreux acteurs sur la scène internationale comme aux USA avec Tesla dont les voitures peuvent faire de longs trajets (et d’autres constructeurs actuels ou nouveaux à venir) ou en Chine avec un émergence de nouveaux constructeurs de poids comme Nio, Xpeng, Li Auto, etc… Et il faut avoir une vision à moyen et long terme concernant l’autonomie actuellement limitée (quand même jusqu’à 400 kms théoriques pour certains modèles), ce que ce journaliste n’a pas non plus. En effet les technos de batteries vont évoluer avec un maillage à venir du territoire avec des chargeurs pouvant être très puissants, ainsi la recharge sur autoroute ne seraient plus un pb dans les 10 ou 20 ans à venir mais il faut s’avoir se projeter et anticiper pour ne pas se fermer dans une vision limitée et qui reflètent un état des lieux actuel…

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