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Citroën U55 Cityrama : à la découverte d’un autocar mythique…

La vie réserve parfois de belles surprises… Il y a quelques semaines, à l’aube de mes trente ans, j’ai pu accomplir un vieux rêve. Gamin, je m’étais pris à rêver devant un car “bizarre” qui passait à la télé. Ce n’est que bien plus tard que j’ai réussi à mettre un nom sur ce modèle mythique : le Citroën U55 Cityrama, carrossé par Currus. Et c’est par le plus grand des hasards que l’ultime exemplaire restant a croisé ma route. Je profite donc de cet article pour vous présenter en détails ce car emblématique datant de 1959, qui permettait de visiter Paris, sur deux niveaux ! Je vous parlerais aussi de la restauration en cours de cet autocar, de son histoire et de son futur. Vous le verrez, c’est un véhicule d’exception comme on n’en fera sans doute plus jamais…

Le succès des tours de ville…

Remontons un petit peu le temps. À l’aube des années ’50, la France est enfin sortie de la Seconde Guerre mondiale. L’heure est à la reconstruction. Parallèlement à cela, le contexte est plutôt favorable et tout semble réussir. Les projets les plus ambitieux, dans tous les domaines, voient le jour. Le tourisme n’est pas en reste et Paris continue d’être une destination rêvée pour de nombreux touristes.

Rare photo, malheureusement de source inconnue, qui permet de voir les trois véhicules à la suite.
Rare photo, malheureusement de source inconnue, qui permet de voir les trois véhicules à la suite.

Les fameux tours de ville sont toujours assurés par les emblématiques bateaux-mouches sur la Seine. Mais sur terre, on trouve aussi une multitude de voyagistes qui proposent des excursions en autocar, pour découvrir les plus beaux coins de la Ville Lumière. Parmi eux, on trouve Cityrama, une société fondée par Jean-Pierre Dubreuil. Ce dernier décide de commander des autocars au style atypique, largement inspiré par le design des bateaux-mouches. Original ! L’objectif est alors de remplacer un parc vieillissant, tout en proposant des services haut de gamme.

Photo historique et non sourcée du second véhicule de la série
Photo historique et non sourcée du second véhicule de la série

C’est le carrossier Currus, alors situé rue de Watteau, dans le 13ème arrondissement de Paris, qui a réalisé le premier exemplaire, en 1956. Un véhicule hors du commun qui prend la forme d’un car à double étage, très généreusement vitré et dont le design est totalement inédit. Dans les années ’50, les carrossiers sont encore assez nombreux et ils rivalisent d’ingéniosité pour satisfaire les demandes des clients. Currus est peut-être un nom qui vous est inconnu. Ce carrossier, qui a connu ses heures de gloire durant la première moitié du XXème siècle, malheureusement déposé le bilan en 1975. On lui doit pourtant de superbes réalisations. L’une des plus emblématiques est sans nul doute ce Citroën U55 Cityrama, esquissé par le designer Albert Lemaitre. Parmi les contraintes, il fallait avoir une visibilité maximale sur les deux tiers du véhicule. Un pari audacieux pour l’époque qui pousse Currus à innover.

La naissance du Citroën U55 Cityrama

Le designer de chez Currus s’attèle alors à dessiner un autocar au style résolument futuriste, agrémenté d’un étage. Le style est élancé, tout en s’inspirant du design des bateaux-mouches. Les nombreuses surfaces vitrées et le toit panoramique en font un modèle immédiatement identifiable, qui marque les esprits. Rares étaient les autocars à proposer une telle surface vitrée. Les passagers peuvent alors prendre place dans de confortables sièges colorés tandis qu’un système audio a été directement intégré. L’arrière de l’autocar comprend une seconde porte d’accès ainsi qu’un escalier en spirale, entièrement vitré, situé sous une arche rouge qui s’étend jusqu’à l’avant. Ce joli mastodonte, haut de 4,35 mètres, ne passe pas inaperçu, avec un arrière qui fait penser aux voitures américaines ! La base technique employée par Currus est un Citroën U55, un utilitaire léger commercialisé dès 1953, qui était équipé d’un moteur 6-cylindres, à essence d’une puissance de 90 chevaux.

Un premier exemplaire fut livré à Cityrama dès 1956 (4854 GT 75). Il fut suivi d’un second exemplaire la même année (7652 HP 75). Cela a permis de mettre au rebut de plus petits véhicules et, au voyagiste, de se démarquer de ses concurrents. Les Citroën U55 Cityrama se firent assez vite remarquer dans la circulation. Ils proposaient un véritable confort de roulage et proposaient une expérience inédite aux touristes. Chaque siège était ainsi doté d’un accoudoir, d’un sélecteur et d’un écouteur pour profiter de l’audiophone. L’été, il était même possible de retirer la partie haute du toit, pour profiter encore plus du soleil. La conception du véhicule était innovante sur de nombreux aspects. Parmi les critères, il fallait notamment proposer un entretien simple et peu coûteux. Le fait d’utiliser la base technique et la mécanique d’un utilitaire de grande série allait en ce sens.

Currus en quelques mots…

En 1900, Nathan Lévy et de son fils Samuel ont rachèté la carrosserie Perrotin et Bollinger, qu’ils ont renommée en Currus (“char” en latin). À l’origine, ils proposaient des voitures pour chevaux avant de s’ouvrir rapidement à l’automobile puis aux autocars, bus et camions dans les années ’30. Durant la Seconde Guerre mondiale, Currus fut réquisitionnée. C’est seulement à partir des années ’50 que le carrossier a repris des couleurs et a signé ses plus belles réalisations et des collaborations importantes, avec la police nationale, la SNCF, de grandes compagnies d’ambulance… Et notamment avec Citroën ! Malheureusement, Currus a déposé le bilan en 1975, face à l’essor du trio Heuliez/Durisotti et Gruau.

Deux, puis trois !

Pendant deux ans, Cityrama n’exploitait donc “que” deux U55 habillés par Currus. Au fil des mois et d es années, certaines améliorations ont été mises en place. Il y a notamment eu la calandre qui a été agrémentée de nouvelles ouvertures pour permettre au moteur, situé à l’avant, de mieux respirer. Parallèlement à cela, il y aussi quelques modifications plus ou moins visibles. À l’origine, les bandes rouges étaient en aluminium. Toutes ces modifications ont été apportées d’office sur le troisième et dernier U55 Cityrama livré, en 1959 (8273 JD 75). Celui-ci a permis de compléter le parc et de sillonner les rues de la capitale avec de meilleures fréquences.

Ce car a deux étages a rapidement trouvé son public et on comprend bien vite pourquoi. Dans plusieurs films, on a pu observer cet autocar iconique : Zazie dans le métro (1960), réalisé par Louis Malle ou Le Corniaud (1965) réalisé par Gérard Oury. Nombreux sont ceux à se rappeler de ce car à étage atypique. Et c’est en le découvrant en vrai que l’on comprend pourquoi. Malgré une longueur assez courte par rapport aux standards actuels (environ 10 mètres), le U55 Cityrama en impose. Il dégage quelque chose de magique et de tellement décalé qu’on s’attache très vite à ce véhicule. Pour ma part, c’était un rêve que de croiser un jour la route d’un exemplaire. Justement, sur les trois autocars mis en circulation, seul l’un d’entre eux a survécu. Il s’agit du troisième véhicule le plus récent, celui de 1959.

Les deux exemplaires mis en circulation en 1956 ont malheureusement connu un destin funeste. L’un d’eux a été victime d’un incendie tandis que le second, après sa réforme de Cityrama, a été racheté par le cirque Rancy mais a fini décapité en passant sous un pont. Quant au dernier modèle produit, je reviendrais sur son parcours et son histoire un petit peu plus loin dans l’article.

Inventaire des Citroën U55 Cityrama

Ci-dessous, vous trouverez le court état de parc des trois autobus mis en circulation par Cityrama, durant les années ’50. Étrangement, les deux premiers exemplaires de 1956 ont été immatriculés dans le courant d’année 1958. Les trois véhicules ont été ré-immatriculés dans les années ’90 et ont donc perdu leur numéro d’immatriculation original, que vous trouverez ci-dessous.

Citroën U55 Cityrama Currus
ImmatriculationN° parcMise en circulationStatutRemarque
4854 GT 754641956DétruitDétruit lors d’un incendie survenu à Paris
7652 HP 75
6714 CJ 92
9791956DétruitCédé au cirque Rancy, détruit lors d’un passage sous un pont
8273 JD 75
175 CJ 92
2721959PréservéVéhicule conservé, en cours de restauration

Une conception incroyablement bien pensée

Le Citroën U55 Cityrama a été imaginé pour offrir de la bonne humeur et une expérience de voyage inédite. Outre son design clairement futuriste, cet autocar proposait un niveau de confort remarquable. Les passagers embarquaient par la porte avant ou arrière, suivant qu’ils souhaitaient prendre place en bas ou en haut. Pas moins de 45 places étaient proposées. En bas, on trouvait des rangées de quatre sièges et à l’étage, trois sièges, en raison d’une largeur inférieure. L’escalier en colimaçon, entièrement vitré, avait un cachet indéniable. J’ai véritablement savouré chaque instant de la visite de cet autobus, en appréciant l’audace stylistique mais aussi l’implication de Currus pour développer un véhicule aussi abouti. Les passagers disposaient de sièges inclinables, tapissés de simili-cuir coloré.

Ces mêmes sièges avaient un revêtement vert, rouge ou blanc. Des accoudoirs étaient présents et l’audiophone permettait de donner les informations dans 8 langues différentes. À ce sujet, chaque siège était surmonté de deux haut-parleurs. Une musique d’ambiance était également diffusée le long du trajet. À ce sujet, trois membres de personnel étaient nécessaires pour exploiter commercialement chacun des Cityrama. Il y avait logiquement le conducteur. Celui-ci prenait logiquement place à l’avant-gauche, à côté du moteur. Il disposait d’une vue largement dégagée, grâce aux nombreuses parties vitrées. Sur ce point, le modèle de 1959 diffère légèrement de ses confrères, avec un vitrage plus arrondi l’avant et des rétroviseurs placés plus en avant.

Une hôtesse était aussi de la partie pour l’accueil des clients, pour leur servir des collations et des boissons. Enfin, on trouvait le guide qui gérait la partie audio et prenait place à la droite du conducteur. Les équipements audio étaient situés dans la partie arrière. Une partie plutôt technique car le local de 2 m2 se situe à l’arrière gauche, sous l’escalier, à côté de la porte de secours. Il fallait alors coordonner l’utilisation de 6 grosses bandes magnétiques et veiller au confort de chacun des passagers. Avouez que l’on embarquerait volontiers pour faire un tour à bord d’un tel véhicule. L’été, l’absence de climatisation était cependant pesante. Currus avait solutionné le problème en proposant un toit rétractable et en disposant des voussoirs (vitres en partie haute) teintés pour filtrer les rayons du soleil.

Par ailleurs, les vitres étaient en verre ou bien en plexiglas. Le choix de ce second matériau résulte de contraintes techniques. Un grand nombre de vitres a des formes très complexes, qui ont nécessité des moules en bois. L’ossature du véhicule repose sur des montants soudés et raidis autour des vitres. La construction a représenté un important challenge pour Currus, en faisant appel à de multiples savoir-faire.

Un véhicule devenu mythique

Remontons un petit peu le temps… À la fin des années ’50, si l’envie vous prenait de visiter Paris sous un jour nouveau, vous pouviez embarquer à bord d’un car Cityrama. Avec un petit peu de chance, vous embarquerez dans l’un des trois Citroën U55. En voyant le véhicule arrivé, on ne peut qu’imaginer les premières impressions. Avec son design de bateau-mouche, son éperon, ses surfaces vitrées, sa hauteur ou encore son profil nervuré, le véhicule ne laisse pas indifférent. Vous décidez d’embarquer par la porte arrière afin de voyager à l’étage, à la fois plus silencieux et garant d’une vue encore plus appréciable. Avant cela, vous avez bien sûr acheté votre titre de transport et salué l’équipage.

Une première petite marche est à gravir pour accéder sur la plateforme. Face à vous, le meuble de l’installation audio mais également des choses à manger et à boire, qui seront vendues par l’hôtesse pendant le trajet. Tout de suite à gauche, vous empruntez l’escalier en colimaçon. Les marches sont en métal et l’accès est plutôt étroit. Au fil de ces dernières, vous passerez devant la superbe verrière, qui offre une vue assez impressionnante. Vous arrivez alors à l’étage. Cette partie est plus étroite avec une configuration de sièges en 2+1. Justement, les sièges sont très élégants. En simili-cuir, ils offrent trois coloris possibles. On y trouve un accoudoir pour chaque passager (avec rembourrage) et les haut-parleurs, disponibles en huit langues. Une assise confortable, qui invite au voyage, est là pour vous permettre de profiter pleinement du voyage.

L’intérieur baigne de lumière, surtout si la partie supérieure du toit a été reculée, afin d’en faire un autocar partiellement découvrable ! Ce car n’est d’ailleurs pas le plus capacitaire mais il offre un habitacle très agréable et une ambiance un peu hors du temps. Bien sûr, sur les photos, ce Citroën U55 Cityrama a perdu de sa superbe mais il a le mérite d’être complet et d’offrir un regard délicieusement rétro. Sur les sièges du premier rang, à l’étage, la vue est parfaitement dégagée. Nous avons particulièrement hâte que la restauration de cet autocar de prestige, unique survivant, débute.

Ce qui m’a bluffé, outre le véhicule en lui-même, c’est la rigueur de sa construction. Outre la silhouette insolite, cet autocar séduit par son audace, ses jeux de matière, ses couleurs ou encore par son ingénierie. On ne peut qu’apprécier le génie de Currus à travers cette réalisation. Le Citroën U55 dont cet autocar dérive ? Il n’est plus vraiment perceptible. À l’avant le conducteur bénéficie d’une vue incroyablement dégagée sur l’avant. Les compteurs sont simples mais efficaces tandis que le moteur 6-cylindres à essence prend place sous un épais caisson noir, à l’intérieur de l’habitacle, entre les sièges avant.

À l’avant, le conducteur est placé juste au-dessus des roues. La vue est vraiment excellente avec une visibilité parfaite dans toutes les directions. Le fait d’avoir les roues placées très en avant permet aussi de réduire le porte-à-faux et de s’inscrire plus facilement dans les virages. Là encore, la base d’utilitaire est assez vite perceptible mais est-ce vraiment dérangeant ?

Identiques mais si différents…

Les trois Cityrama sont relativement similaires d’apparence. Ils reposent sur une même base, celle d’un Citroën U55 et ont des dimensions identiques. En longueur, ils mesurent environ 10 mètres et affichent une hauteur de 4,35 mètres. Ils disposent aussi de la même capacité d’embarquement, avec 45 sièges destinés aux passagers. Leur masse est aussi la même mais ces véhicules ont pourtant des spécificités ! Déjà, tout au long de leur carrière, ces autocars ont bénéficié d’amélioration. À l’origine, les bandes n’étaient pas rouges mais couleur aluminium. Cette nouvelle combinaison de couleurs les rend encore plus jolis à mon sens. Aussi, des problèmes de refroidissement ont rapidement été signalés, ce qui a conduit les équipes chargées de l’entretien a apporter des améliorations en ce sens.

Cela concerne principalement la partie avant, qui a régulièrement gagné de nouvelles ouvertures. Les deux premiers exemplaires ont reçu une ouverture entre les phares assez rapidement puis une troisième est arrivée au moment de la commercialisation du troisième exemplaire, en 1959. Malgré cette apparente standardisation, les deux premiers se démarquent du troisième ! Sur les Cityrama de 1956, l’aération supérieure a une séparation verticale au centre alors qu’il y en a deux sur le Cityrama de 1959. Ce dernier dispose par ailleurs d’une aération complémentaire, de forme carrée, à l’avant droit. Cela permet de distinguer assez facilement le modèle en question…

Pour autant, il existe une différence encore plus flagrante… Cette fois, c’est le premier exemplaire qui se démarque très nettement de ses confrères. Pour cela, observez le pare-brise. Sur le premier exemplaire, le pare-brise est à deux niveaux. L’arrondi latéral se fait uniquement pour la partie supérieure. L’inférieure a une forme rectangulaire. Sur les deux autres Cityrama, le tout est englobé avec un unique arrondi. Quelques divergences existent également au niveau des poignées de porte, des rétroviseurs ou encore des enjoliveurs de roue. Le troisième exemplaire a aussi pu être identifié assez facilement avec une bosse importante sur sa face avant. Toujours est-il qu’un œil exercer pouvait identifier formellement chaque véhicule de la série.

Différences entre Citroën U55 Cityrama
À gauche, la forme de vitrage des deux Cityrama les plus récents (7652 HP 75 et 8273 JD 75). À droite, celui du plus ancien (4854 GT 75).

Quant aux numéros de parc des Cityrama, ils sont toujours un mystère pour moi. Dans l’ordre de livraison des Citroën U55 Cityrama, on trouve les véhicules n°464, 979 et 272. Bien qu’il n’y a pas de cohérence logique dans cette suite de nombre, on remarque que les premier et troisième chiffre sont répétés. Ce numéro de parc prend place sur le côté droit, juste après la porte avant, ainsi qu’à l’arrière droit. Ce dernier marquage semble avoir été opéré ultérieurement.

Le Citroën U55 Cityrama au cinéma

Du fait de leur style atypique, les Citroën U55 Cityrama ont pu être aperçus à plusieurs reprises dans divers films des années ’60. Voici donc un court inventaire des films dans lesquels vous pourrez apercevoir chacun des trois exemplaires de cet autocar mythique. D’ailleurs, si vous aimez les belles images d’époque, je ne peux que vous inviter à regarder ces films : immersion garantie dans une époque que je n’ai personnellement pas connue. Un coup de cœur ? Zazie dans le métro vous permettra de voir pas mal de belles séquences, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du second Cityrama, datant de 1956.

Cityrama 1
4854 GT 75
Cityrama 2
7652 HP 75
Cityrama 3
8273 JD 75
Le Corniaud (1965),
réalisé par Gérard Oury

Boeing Boeing (1965),
réalisé par John Rich
Zazie dans le métro (1960),
réalisé par Louis Malle
Le jardinier d’Argenteuil (1966),
réalisé par Jean-Paul Le Chanois

La fin des Citroën U55 Cityrama

Sans surprise, les Citroën U55 Cityrama, mis en circulation en 1956 et 1959, ont quitté le parc de Cityrama, il y a bien longtemps déjà. Par souci de lisibilité, retraçons (du mieux possible) l’histoire de ces trois fascinants autocars dont il n’en reste plus qu’un !

  • Cityrama 4854 GT 75 : la tête de série, qui date de 1956 et porte le numéro 464, aurait été victime d’un accident de la route, rue de Tivoli, à Paris, ce qui aurait conduit à un incendie et à sa réforme définitive. Celle-ci aurait eu lieu au début des années ’70, ce qui fait que ce véhicule n’aura probablement jamais été réimmatriculé depuis sa mise en service ;
  • Cityrama 7652 HP 75 : le second U55 de Cityrama, le 979, aurait mis été en service de 1956 jusqu’à la fin des années ’70. Notons qu’en 1972, l’autocar a été ré-immatriculé dans les Hauts-de-Seine avec le numéro 6714 CJ 92. Par la suite, le véhicule aurait été vendu au cirque Sabine Rancy. En passant sous un pont, l’autocar aurait été décapité et réformé de manière définitive dans la foulée. Il semblerait qu’il ne reste rien non plus de cet exemplaire ;
  • Cityrama 8273 JD 75 : enfin, le Cityrama 272 a connu un destin bien plus joyeux. Lui aussi a été ré-immatriculé dans les Hauts-de-Seine, quelques minutes avant son jumeau, avec le numéro 175 CJ 92. Il aurait ensuite été ré-immatriculé dans l’Essonne. Après sa réforme du parc Cityrama, l’autocar fut resté dans un dépôt situé à Massy durant de nombreuses années, partiellement à l’abri. Il fut ensuite récupéré par un garagiste qui a entrepris un début de restauration avant que le véhicule n’atterrisse entre les mains d’un passionné de véhicules Citroën. Ce dernier a ensuite confié l’autocar entre les mains expertes de professionnels de la restauration, dans le but d’entreprendre une remise à neuf dans les règles d’art. Il s’agit donc de l’unique véhicule ayant survécu.

Une préservation inespérée… pour l’unique rescapé

L’heureux propriétaire de ce Citroën U55 Cityrama a fait appel à l’ANAU (Association Normande des Utilitaires Anciens) en vue de restaurer ce joyau. Une demande qui a permis d’aboutir à la création d’une cagnotte soutenue par la Fondation du Patrimoine. La restauration en elle-même a un intérêt bien réel. C’est un autocar mythique, pour ne pas dire emblématique de la ville de Paris. Produit à seulement 3 exemplaires de 1956 à 1959, il est aujourd’hui l’unique survivant. Malgré de nombreuses années de stockage, ce car est assez bien conservé. Son moteur essence est d’ailleurs toujours fonctionnel ! Il fut d’ailleurs exposé au Mans Classic, en 2022 et a roulé un petit peu. Malgré tout, le travail de restauration est colossal. Pour y parvenir, l’association confiera les tâches de restauration à des experts et notamment les équipes de Normandy Classic.

C’est un travail autant impressionnant que fascinant qui attend les équipes. Bien qu’il soit complet, ce vaillant Cityrama nécessitera un démontage intégral, qui nécessitera de recréer chaque tube de la structure vitrée, rongée par la corrosion. Il faudra alors reprendre des méthodes d’époque pour parvenir à reproduire l’ensemble, avec le plus de détails possibles. De nombreuses moulures devront donc être réalisées. Heureusement, l’autocar, bien qu’il soit détérioré, permet de comprendre comment sont conçues bon nombre de pièces. Il y aura bien sûr des aspects assez techniques et pointilleux. Pour les vitrages, ils sont tous présents. En revanche, pour les plexiglas teintés, de la partie supérieure, il faudra les recréer. Ceux d’origine ont craqué, se sont fissurés et ont terni, avec le temps. À bord, le travail est également colossal.

Il faudra refaire les planchers, restaurer tout ce qui peut l’être et refaire les sièges à neuf. La structure de ces derniers est bonne mais le simili-cuir est fatigué. Là encore, le sellier aura fort à faire pour retrouver les tons d’origine des sièges, qui sont au nombre de trois. Bien qu’elle ne soit pas montée sur le véhicule, l’arche, qui prend place à l’arrière, devra aussi passer par la case rénovation. Le moteur (en très bon état) sera révisé à neuf, tout comme le châssis. C’est donc un travail de longue haleine qui attend les équipes. Quatre années seraient nécessaires pour remettre à neuf cet autocar, soit environ 2 000 heures de travail, pour quatre personnes à temps plein.

Parmi les éléments qui semblent particulièrement impressionnants, il y a notamment l’immense verrière située à l’arrière, qui s’étend du bas jusqu’en haut et qui permet aux passagers de pouvoir emprunter l’escalier en colimaçon, tout en ayant une vue parfaitement dégagée. Du côté de la mécanique, le fait d’avoir une base d’utilitaire Citroën permet d’avoir une certaine standardisation de certaines pièces.

Forcément, un tel projet engendre un coût important pour l’association, qui se compte en centaines de milliers d’euros. La Fondation du Patrimoine a participé au financement, au même titre que les donateurs désireux d’apporter leur pièce à l’édifice. À ce jour, plus de 53 000 € de dons ont déjà été récoltés par le biais de la cagnotte en ligne. Une somme déjà très importante, qui correspond à 25 % de la somme nécessaire. Vous pouvez, vous aussi, soutenir ce projet en cliquant ici.

La première étape consistera en un démontage méticuleux du véhicule. Chaque pièce devra alors être inventoriée. La caisse sera sablée avant d’être reconstruite, peinte puis assemblée à nouveau. Le début de restauration déjà amorcée pourrait aider. Notons que Citroën a fourni quelques archives et que le propriétaire initial du véhicule avait conservé quelques précieux documents d’époque. C’est donc un beau projet qui s’amorce.

Une restauration prometteuse…

Remettre en état ce superbe autocar, c’est un pari très audacieux. Bien qu’il soit complet, le Citroën U55 Cityrama a souffert des affres du temps. Lorsque j’ai eu le plaisir de découvrir ce car, celui-ci était à l’aube de son début de restauration. C’est pour cette raison que, sur les photos, vous voyez le véhicule dans son jus. Il a clairement perdu de sa superbe mais il a une belle patine. La restauration sera un défi important pour l’équipe de Normandy Classic, qui mettra à l’honneur divers corps de métiers inhérents à la restauration de véhicules. Pour un car, tout est démesuré, surtout lorsqu’il y a une impériale !

Les 45 sièges devront aussi être restaurés, ce qui nécessitera un important travail de sellerie. Certains choix esthétiques devront aussi être faits. Par exemple, les Cityrama ont évolué durant leur carrière. C’est un petit peu moins vrai pour cet exemplaire de 1959 mais les deux premiers ont souffert de problèmes de refroidissement, ce qui avait conduit à revoir la calandre, en y ajoutant des entrées d’air supplémentaires. À ce sujet, seul l’exemplaire de 1959 se démarquait par sa triple ouïe d’aération supérieure, alors que les autres n’en ont que deux. Aussi, véritable œuvre d’art à elle seule, la typographie “Cityrama”, sur la partie inférieure de la partie haute, sur fond bleu, est peinte. De près, on y distingue d’ailleurs les touches de pinceau !

Pour le reste, on ne peut que souhaiter beaucoup de courage, de temps et de passion aux équipes de Normandy Classic. Lorsque l’on voit la qualité des réalisations, nul doute que l’équipe de Philippe Debasly parviendra à faire des miracles. En tout cas, on ne peut que féliciter l’ANAU (Association Normande des Utilitaires Anciens) pour avoir soutenu ce projet, et permis d’entreprendre la restauration de ce fascinant Citroën U55 Cityrama de 1959. La portée historique de ce véhicule est vraiment énorme. Il rappellera sans doute des souvenirs émus à beaucoup de parisiens et touristes venus visiter la capitale.

D’ici-là, il faudra encore démonter, souder, créer, coudre, ajuster, mesurer, découper, peindre ou encore tapisser ce superbe autocar qui le mérite amplement. Forcément, un tel projet de restauration nécessite un budget conséquent. Cet article, il a pour but de vous parler de cet autocar qui me fait rêver depuis que je suis enfant… Mais aussi de parler de la cagnotte, toujours en place, à laquelle il est possible de participer. Pour cela, tout se passe sur le site de la Fondation du Patrimoine.

Envie de soutenir ce projet ?

Sur le site de la Fondation du Patrimoine, vous pourrez participer à la cagnotte, qui permettra d’avancer dans la restauration de ce superbe autocar. Chaque don compte, même les plus petits. N’hésitez donc pas à soutenir ce superbe projet, qui permettra de restaurer ce superbe Citroën U55 Cityrama par Currus.

Le Cityrama et sa descendance…

Bien que l’autocar protagoniste de cet article soit surnommé “Cityrama”, il faut bien rappeler que le nom Cityrama, justement, est bien celui de l’exploitant. Dans les années ’50, la société Cityrama fondée par Jean-Pierre Dubreuil passe commande au carrossier Currus de deux autocars au style original. Les premières livraisons ont lieu en 1956 et un troisième exemplaire arriva trois ans plus tard. Exploités jusque dans les années ’70 et potentiellement jusqu’au début des années ’80, ces trois U55 ont été accompagnés par d’autres autocars. Il y a d’abord eu plusieurs Saviem-Chausson SC-1, eux aussi réalisés par Currus et dans un style un petit peu plus classiques. Plus tard, Cityrama optera pour des autocars au design plus conventionnels, disponibles sur catalogues. En 2010, Cityrama a fusionné avec Paris Vision pour devenir le voyagiste Paris City Vision.

ModèleN° parcImmatriculationAnnée
Saviem-Chausson SC13131436 LF 751961
Neoplan NB 22/2 Skyliner/
/
/
/
/
112 BD 92
255 BS 92
518 RY 91
519 RY 91
6961 SK 91
1970
1971
1975
1975
1977
Neoplan NB 22/3 Skyliner/3179 DG 921973
Neoplan NH 22/3 Skyliner/3674 RN 911975
Neoplan NB 22/3 Skyliner/9670 XG 911983
Setra S 228 DT/
/
/
/
/
/
6550 YD 91
7911 YF 91
3482 YK 91
6713 YQ 91
8948 ZW 91
418 AWB 91
1985
1985
1985
1985
1988
1992
Setra S 316 HDS/
/
/
844 AHV 91
804 ANT 91
807 ANT 91
418 AWB 91
1990
1991
1991
1992
Van Hool Acron T815/45 AVE 911992
Neoplan Skyliner N122/
/
/
/
/
/
510 CCT 91
733 CCT 91
743 CCT 91
746 CCT 91
131 CQN 91
1998
1998
1998
1998
2000
Neoplan Cityliner C53D/
/
/
26 CJH 91
810 CJH 91
26 CJN 91
1999
1999
1999
Setra S 328 DT/
/
815 CXT 91
829 CXT 91
2001
2001
Setra S 431 DT/
/
/
/
/
/
/
/
/
/
/
5527 ZB 94
5857 ZB 94
6373 ZB 94
7726 ZB 94
7760 ZB 94
1972 ZK 94
3126 ZK 94
3129 ZK 94
8197 ZK 94
AT-735-NQ
BZ-347-ZQ
2008
2008
2008
2008
2009
2009
2009
2009
2009
2010
2011

Le Cityrama miniature

Le saviez-vous ? Le Citroën U55 Cityrama a existé à l’échelle 1/43 ! Il fut produit il y a quelques années déjà par IXO. Celui-ci fut vendu au sein de la collection Autobus et Autocars du Monde, des éditions Hachette. Il constituait le numéro 9. Bien que simplifiée, cette miniature est assez bien reproduite dans l’ensemble. Elle représente l’exemplaire de 1959 mais porte étrangement le numéro d’immatriculation du premier Cityrama. C’est un modèle qui est assez facilement démontable et qui pourra être amélioré au besoin, notamment en mettant en peinture les sièges, pour davantage de réalisme encore.

Ce modèle 1/43 ne manque clairement pas d’intérêt. Il permet de bien visualiser les volumes de cet autocar de légende. Cette miniature ne souffre pas de défaut majeur bien qu’elle soit imparfaite. Si l’envie vous prend de l’acheter, sachez qu’elle est toujours disponible sur le site de Hachette Collections, au prix de 32,95 €. Pour faire encore plus d’économies, je vous recommande de chercher ce Citroën U55 Cityrama sur ebay notamment. De belles affaires sont à réaliser, pour un prix bien inférieur. À titre personnel, j’ai réussi à acheter l’un d’eux au prix de 17,45 € seulement.

Le mot de la fin

Le Citroën U55 Cityrama est un concentré d’audace. Son design atypique et sa conception fascinante en font un véhicule dont l’intérêt historique est bien réel. Son dessin est bluffant tandis que rien n’a été laissé au hasard. Pour beaucoup de parisiens et de touristes, cet autocar aura été le compagnon d’un moment de vie. Préserver l’unique exemplaire existant, c’est un défi de taille, avec un intérêt patrimonial exceptionnel. Nous espérons vivement que ce projet de restauration arrivera à son terme… Mais nous ne sommes pas très inquiets à ce sujet. L’ANAU s’investit beaucoup tandis que Normandy Classic a le savoir-faire pour mener un tel projet à son terme.

D’ici quelques années, il sera donc possible de voir rouler à nouveau le Citroën U55 Cityrama. Et ça, c’est purement exceptionnel. Bravo aux différents protagonistes qui permettent à un tel projet de voir le jour. À terme, l’autocar restylé participera à diverses manifestations dont des rassemblements de véhicules anciens. Mais il n’est pas prévu qu’il reprenne du service dans la capitale ! Si vous souhaitez suivre la restauration, je vous invite à suivre Normandy Classic sur son site internet ainsi que ses différents réseaux sociaux.

Thomas Drouart

J'ai fondé PDLV à 13 ans, c'était il y a... Pas mal de temps déjà ! Ma passion pour l'automobile n'a fait que s'intensifier. Depuis, ce blog a prospéré et nous permet de vivre notre passion à 100%. Mon pêché mignon ? Les Fiat Panda 100HP, les Porsche 911 type G et les brochettes bœuf-fromage. Je m'intéresse à tout ce qui roule, même si mon allergie au diesel me rapproche bien souvent du pistolet vert.

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