Lotus Emeya : un renouveau inquiétant ?

Thomas Drouartil y a 2 semaines

En 2017, Lotus est passé sous giron chinois, suite au rachat par le groupe Geely. Assez vite, nous avons assisté à un élargissement de l’offre avec désormais un troisième modèle électrique : une grande berline qui vise directement la Porsche Taycan. Cette nouvelle Lotus Emeya promet des performances impressionnantes même si le célèbre “Light is right“ semble bien loin désormais. Faut-il pour autant boycotter cette Emeya ? C’est ce l’on vous propose de découvrir dans ce court article. Vous le verrez, ce modèle a de solides arguments.

Lotus Emeya : bien plus qu’une grosse Prius !

Les Lotus ont toujours été de belles voitures, c’est un fait. Depuis la reprise par le groupe chinois Geely, il y a eu des modifications conséquentes. Dans les faits, on peut clairement parler d’une réinvention de la marque, qui ne conserve que le nom. La marque capitule pourtant sur les liens avec le passé même si ça ne saute pas forcément aux yeux. Esthétiquement, on trouve des optiques en C avec un pare-chocs bien dessiné et plutôt novateur dans sa forme. Le capot est également bien sculpté tandis que la marque a opté pour un joli jaune de présentation. On pourrait penser à une Prius V bodybuildée mais il n’en est rien. Cette routière sportive n’a pas encore révélé tous ses secrets mais son design est plutôt athlétique.

La carrosserie est d’ailleurs assez épurée avec des lignes fortes, bien esquissées. L’arrière est également très sympa avec un masque dessiné par des aérations et les optiques, constituées d’un filet de LED. L’ensemble est assez musclé tout en étant très doux. Et ça, c’est très Lotus ! Les grandes jantes de 22 pouces lui vont plutôt bien, au même titre que le toit noir, ce qui allège visuellement la ligne. Pour ne pas oublier les fondamentaux, on apprend que la répartition des masses est de 50-50 et que le centre de gravité est à 44,2 centimètres, ce qui est clairement pas mal. On retrouve plusieurs éléments empruntés au SUV Eletre mais la marque a réussi à donner un style propre et unique à l’Emeya. L’ADN des précédentes Elise et Exige se perçoit encore dans certains détails, comme le décroché des ailes arrière.

Pour l’amour des sensations

Lotus l’atteste dans son communiqué : l’Emeya est une vraie Lotus. Elle proposerait un feeling de direction génial et une réactivité fantastique. Elle propose aussi d’excellentes performances aérodynamiques et d’un aileron mobile permettant d’avoir jusqu’à 215 kg d’appui à haute vitesse. Pas mal donc ! Le cockpit de conduite aurait été pensé pour le plaisir de conduite avant tout, avec une certaine quête de minimalisme. Son habitacle se dote d’ailleurs d’une superbe sellerie en cuir, avec une configuration à quatre ou cinq sièges. Divers matériaux bruts sont employés, comme l’aluminium, le polyuréthane ou encore l’alcantara, tout en faisant appel à des matériaux recyclés. La planche de bord est joliment dessinée, avec des traits simples et efficaces, ainsi qu’un bel éclairage d’ambiance. La dotation précise n’a pas été communiquée mais on ressent clairement la volonté de tutoyer le segment premium.

Le système audio est produit par KEF tandis que les contreportes accueillent, sur la partie haute, des écrans reliés au caméras extérieures qui remplacent les rétroviseurs. Autant dire que le positionnement de Lotus n’a plus rien à voir avec la simplicité qui faisait jusqu’à présent le charme des sportives précédentes. La gamme actuelle comprend exclusivement des modèles électriques, abandonnant définitivement la quête de légèreté, qui aurait été difficile à conjuguer avec l’électrification. À défaut de perdre du poids, les Lotus modernes gagnent de la puissance, allant à la totale encontre de la volonté de Colin Chapman, fondateur de la marque. Le rachat par le groupe chinois Geely a véritablement marqué ce tournant.

Lotus Emeya : elle envoie du (très) lourd…

La Lotus Emeya accueille deux moteurs électriques, d’une puissance maximale de 918 chevaux pour 985 Nm de couple. Celui de l’arrière dispose d’une transmission à deux vitesses, comme ce qui est proposé chez Porsche. Forcément, les performances sont exceptionnelles, avec le 0 à 100 km/h réalisé en 2,8 secondes seulement pour une vitesse maximale légèrement supérieure à 250 km/h. L’ensemble passe au sol sur les quatre roues. La base technique du SUV Eletre a été reprise mais la batterie de 102 kWh est exclusive à l’Emeya. Elle permettrait une autonomie maximale de 490 kilomètres, ce qui serait supérieur à ce que propose la concurrence… Mais ce qui devrait ajouter encore de la masse. La nouvelle venue dépassera sans aucun doute les deux tonnes…

Sans surprise, la Lotus Emeya sera produite à Wuhan, en Chine, pour un prix de vente encore méconnu à ce jour. Il est déjà possible de précommander ce modèle avec un dépôt de 1 000 €. Il reste cependant encore bien des inconnus, comme le prix de vente final, les couleurs proposées ou encore les dimensions. Cette nouvelle ère devrait permettre à Lotus de s’ouvrir à un nouveau public, même si le public précédent aura sans doute du mal à comprendre cette transition…