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Infiniti : une activité et une disparition discrètes

Il est toujours infiniment triste de voir une marque automobile quitter le marché sur lequel elle a fait des efforts pour s’insérer. Après une carrière de douze ans, Infiniti a donc décidé de se retirer de l’Europe, pour se concentrer sur les continents asiatique et américain. Et si l’alliance Renault-Nissan l’avait voulu, la marque Premium japonaise, concurrente de Lexus, entre autres, aurait-elle pu se promettre un avenir radieux ?

Lancement aussi pénible qu’un vieux diesel sans préchauffage

Je n’ai pas trouvé de synonyme aussi criant que celui inscrit dans le sous-titre ci-dessus. Créée en 1989, ce n’est qu’en 2008 que Infiniti débarque en France, de manière aussi discrète qu’une Tesla dans un parking sous-terrain. A cette époque, le bouche-à-oreille ne peut pas fonctionner pour bâtir une popularité digne de chatouiller les Premium allemands (on en reviendra toujours à eux). Carlos Ghosn, déjà à la tête du groupe aillant fondé Infiniti ne plaçait pas énormément d’espoirs dans les modèles présents. En cinq années, les quelques points de vente devaient écouler 25 000 véhicules. Lorsque les bilans ont dû être tirés en 2013, 20% de l’objectif était atteint. De quoi boire un cinquième de coupe de champagne. Quoi que maintenant, ça n’inquiète plus trop Monsieur Ghosn…

Un total de 25 000 véhicules vendus, c’est ce que fait Lexus en une année, lorsque l’on fait la moyenne des ventes depuis 2000. Infiniti n’était donc absolument pas crédible face à la concurrence très rude, alors que son souhait était de rendre le premium allemand plus abordable. Vu la manière, c’est normal que le cocktail utilisé n’a plu qu’à une infime partie de l’Europe. Nous ne parlerons pas du graduat obligatoire pour pouvoir décrypter la gamme proposée il y a 12 ans. Le mélange de différentes lettres avec divers chiffres ont donné des sueurs froides aux quelques revendeurs…

Une adaptation au marché inexistante

Si une marque automobile n’arrive pas à s’adapter à la demande de la clientèle, elle coulera tôt ou tard. Pendant près de 6 années, Infiniti s’est contentée de rebadger des Nissan vendues dans d’autres pays, et à les “optimiser”. De nouveaux matériaux ont été insérés, du cuir s’est présenté un peu partout, ce qui a eu comme avantage d’augmenter la qualité perçue. Le problème est qu’il est compliqué de plaire à une clientèle européenne, habituée aux prouesses allemandes et à de la délicatesse italienne, avec du robuste nippon. Bref, Infiniti ne plaisait qu’aux irréductibles fans de japonaises.

On pourrait comparer Infiniti à DS Automobiles (et pas à Lexus, ça change de continent). Le départ est le même : on descend en gamme une marque (Nissan et Citroën) pour en créer une autre, bien plus premium. Les français ont su installer du chic dans les intérieur, et une forte personnalité à l’extérieur. Beaucoup parleront des finitions, mais force est de constater que ça marche bien pour eux. Chez Infiniti, les modèles se sont multipliés jusqu’en 2014 et n’ont jamais affiché autre chose que ce que les clientèles américaines et asiatiques recherchaient. Un flop qui a mûri pendant six longues années. En attendant, Nissan est descendu en gamme, et a perdu beaucoup de clients.

Un Européen pour plaire aux Européens

Comme quoi, il faut toujours croire en sa bonne étoile. Si j’utilise cette expression, ce n’est pas pour rien. L’année 2014 est synonyme de délivrance pour Infiniti, délivrance qu’ils ne croyaient définitive. Le groupe Daimler, lié financièrement à Renault-Nissan (et donc Infiniti), va donner un second souffle au Premium japonais. Arrive une nouvelle dénomination des modèles, avec l’omniprésence des “Q”. La Q30 devient l’emblème d’Infiniti en Europe : enfin une voiture qui nous convenait ! Et c’est normal, quand on sait que Mercedes-Benz est passé par là… Le châssis est celui de la Classe A de précédente génération, et certains moteurs sont repris de la gamme Mercedes (notamment les 2,1 litres diesel, et le 2 litres turbo essence). Certains moteurs Renault sont aussi présents sous le capot du Q30. Enfin, le design est purement Infiniti…

Mais le designer est tout nouveau ! Arrivé en 2013, Alfonso Albaisa est à la tête du design d’Infiniti et est donc le papa du modèle qui a relancé la marque premium de Nissan. S’en sont suivi toute une suite de modèles variés. Tout a été fait pour attaquer BMW, ou encore Audi ! Les Q50 et Q70, même si elles n’ont pas été de francs succès, ont pu être de beaux fers de lance, avec un design apportant de la fraîcheur ! Les SUV étaient bien évidemment de la partie, dans toutes les tailles. Enfin, un coupé, le Q60, était proposé. Une belle gamme, somme toute, qui avait pu s’étoffer grâce aux autres marques. Mais, visiblement, ce n’était pas suffisant.

Un retrait de l’Europe réfléchit

L’annonce a été faite en 2019, mais l’arrêt d’Infiniti en Europe était dans l’air du temps depuis plusieurs années. Pour eux, le marché porteur n’est pas l’Europe. On le savait, mais c’était le motif pour la disparition du vieux continent. Si on reprend leur idée de départ, le Premium moins cher n’intéresse donc pas le client européen. La rentabilité aura donc eu raison d’Infiniti. Le même sort est-il réservé pour DS, ou encore Alfa Romeo, en grandes difficultés ? L’avenir nous le dira…

Etienne Deketele-Kestens

De la Smart à la Bentayga, je peux dire que je suis complètement obsédé par le monde automobile. Intégrer l'équipe de PDLV et pourvoir donner ma vision des nouveautés chaque jour est quelque chose de génial pour moi. Ma "carrière" de blogueur a débuté il y a quelques années, et ceci, cumulé à mes études en mécanique auto, me permettront de vous proposer un contenu de qualité, tout en gardant le côté décalé cher à PDLV. Je roule en Peugeot 308 SW BlueHDI 130 finition GT Pack.

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