
Il y a 15 ans, la berline Lamborghini Estoque était créée…
Chez PDLV, on aime bien remonter un petit peu le temps et replonger sur de “vieux” concepts. Oui, ça fait mal de dire “vieux” pour évoquer la Lamborghini Estoque. Pourtant, cela fait déjà 15 ans que la marque italienne esquissait ce qui aurait pu devenir une routière de luxe, aux côtés des Gallardo et Murcielago. Dans cet article, on va revenir un petit peu sur l’histoire de cette élégante Estoque, de ce qu’elle aurait pu incarner dans la gamme et de son échec de commercialisation. Quinze ans plus tard, cette Lamborghini demeure encore assez moderne dans le traitement de ses lignes. Lors de sa présentation au Mondial de l’Automobile de Paris, en 2008, elle avait même plutôt convaincu…
Lamborghini Estoque : l’ouverture aux familles
Lamborghini est une marque automobile fascinante, à laquelle on peut prêter de nombreuses qualités. Pour autant, la vocation familiale des productions n’est clairement pas très affirmée. Dans son histoire, la marque au taureau a bien lancé l’Espada, qui disposait de quatre places, ainsi que le 4×4 LM002. Et c’est à peu près tout. Dans les années 2000, l’offre comportait uniquement deux modèles : la Gallardo et la Murcielago. Deux superbes sportives, au style ravageur, qui accueillait des moteurs V10 et V12. À l’approche du Mondial de l’Automobile de Paris, en 2008, il fut décidé de créer un prototype de berline routière avec une idée à peine dissimulée : en faire (assez vite) une voiture de série.

C’est ainsi qu’est née l’Estoque. Une routière longue de 5,15 mètres, large de 2,00 mètres et avec une ligne de caisse relativement basse. L’opération séduction fonctionne vite et bien. Les traits sont modernes, le profil est séduisant. Le tout est relativement épuré, en supprimant les poignées de porte apparentes, en conservant des traits taillés à la serpe et quelques appendices qui marchent bien. On trouve notamment des jantes noires de 22 pouces à l’avant et 23 à l’arrière. Quand même !



L’avant est très musclé tandis que l’arrière paraît presque sobre avec un diffuseur mesuré et une double sortie d’échappement, inscrite dans une grande canule. Déjà à cette “époque”, la marque avait bien travaillé sa signature lumineuse. Elle a de la gueule cette Estoque ! Il faut dire que le segment des routières de luxe est concurrentiel : il y a, en face, les récentes Porsche Panamera, Aston Martin Rapide et autres Maserati Quattroporte.
Un modèle qui a tout pour plaire…
La firme de Sant’Agata avait choisi, comme teinte de présentation, un gris foncé métallisé, pour trouver un équilibre chic et sport. L’intérieur arbore des tons crèmes assez élégant et une belle sellerie. Grâce à son empattement de 3,01 mètres, la Lamborghini Estoque offrait une excellente habitabilité. Forcément, pas de portes en élytre pour cette berline, la marque a opté pour des portes dont l’ouverture est plus traditionnelle. L’objectif était assez clair : toucher les familles et proposer un modèle idéal pour le quotidien de ceux qui peuvent se l’offrir. La question de la motorisation a été maintes fois soulevée. Il semblerait que le concept-car exposé à Paris recevait le moteur V10 de la Gallardo, dans sa dernière évolution à 640 chevaux.

Ce moteur V10 atmosphérique de 5.2 litres prenait logiquement place à l’avant, afin de libérer le volume de coffre (ce qui est plutôt appréciable pour une routière). La transmission intégrale était prévue de série, au même titre que la boîte de vitesses automatique à double embrayage. Bref, tous les ingrédients semblent réunis pour passer à la commercialisation, non ? Le public était plutôt enthousiaste aussi… En 2008, j’étais encore assez jeune et je garde un superbe souvenir de ce modèle, fièrement exposé sur le stand. Elle en imposait sacrément sans pour autant recourir à un dégueulis d’éléments ultra-agressifs comme on peut le voir de nos jours. Par ailleurs, il semblerait que la marque ait songé à plusieurs mécaniques pour l’Estoque : V12, V8 turbo, V8 hybride et même Diesel.
Finalement, la production en série n’a pas eu lieu
À l’origine, il semblerait que Lamborghini envisageait très sérieusement de produire l’Estoque en série. Toutefois, l’année 2008 marque aussi un contexte économique difficile. Parallèlement à cela, la marque a privilégié le développement de ses gammes existantes. La Murcielago était alors déjà à l’aube de son remplacement. En 2009, il fut donc décidé d’abandonner officiellement – et définitivement – l’idée d’une commercialisation de l’Estoque. Celle-ci resta donc à l’état de concept-car. Dommage mais la marque italienne avait sans doute déjà pas mal d’idées derrière la tête. En 2010, la marque a commercialisé une petite série de Sesto Elemento, une version extrême de moins d’une tonne, dérivée de la Gallardo LP570-4.

Mais surtout, en 2012, l’Urus Concept fut présenté en avril, au Salon Automobile de Pékin. Sans surprise, ce modèle a grandement teasé ce que fut finalement le Lamborghini Urus de série, dont la commercialisation a débuté en 2018. Un modèle qui aurait difficilement pu cohabiter auprès de l’Estoque. Avec le recul de quelques années, l’Estoque n’aurait probablement pas rencontré le succès attendu. Les grandes berlines de luxe sont certes élégantes et désirables, mais elles se trouvent cannibalisées par les SUV de luxe. Reste que la Lamborghini Estoque incarne une belle audace et un exercice de style particulièrement réussi.



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