
Lorsqu’une nouvelle est présentée, celle-ci est souvent montrée dans sa finition la plus haute, afin d’en mettre plein les yeux. La nouvelle DS 4 n’a pas dérogé à la règle et on comprend mieux pourquoi maintenant. On ne va pas y aller par quatre chemins : la marque française a ouvert le configurateur de sa nouvelle compacte. Nous avons donc pu découvrir la tête de l’entrée de gamme. Et là, on peut vraiment dire que DS se moque “un peu” de ses clients. Les choix opérés sont clairement indignes du segment premium. Mais pourquoi la DS 4 Bastille – c’est son nom – est-elle aussi vilaine ? Et si c’était une stratégie commerciale à peine déguisée pour nous faire dépenser plus ?
Du premium low-cost ?
Le segment premium est particulièrement complexe puisqu’il répond à ses propres codes. Les voitures allemandes ont largement contribué à définir les standards de ce segment. D’ailleurs, on peut voir que les compactes, telles que les BMW Série 1, Audi A3 et Mercedes Classe A, sont à peu près bien équipées dès l’entrée de gamme et qu’elles présentent assez bien, malgré une évidente simplicité. Par exemple, les jantes alliage sont de série, bien que cela n’ait pas toujours été le cas. Il faut prendre en compte que le design des voitures devient de plus en plus sophistiqué, pour ne pas dire chargé. Fatalement, une finition d’entrée de gamme doit faire l’impasse sur certains appendices et cela se ressent donc plus ou moins…

La marque DS, qui est détachée de Citroën depuis quelques années, constitue donc l’offre premium française. Fatalement, la concurrence est particulièrement rude mais la marque va vers l’avant, innove et a réussi à instaurer des standards innovants, comme les sièges bracelets, les jeux de matières, les lignes très techniques et les ambiances uniques.
La DS 4, c’est la compacte et donc logiquement, le cœur de gamme. Il y a donc certaines attentes qui émanent de ce modèle. Sauf que quand un concessionnaire de la marque DS présentera les finitions de la DS 4 à ses clients, il va de soi qu’il faudra rapidement faire l’impasse sur la finition “Bastille”. En effet, DS a fait l’affront de proposer des jantes en tôle avec enjoliveurs sur sa compacte premium d’appel… Alors oui, sur une C4 qui coûte à peine plus de 20 000 €, cela peut se comprendre car nous sommes dans le segment généraliste… Mais pour du premium, c’est clairement une faute de goût. D’autant plus que les choix sont discutables.
DS 4 Bastille : une entrée de gamme bipolaire

La DS 4, c’est une voiture au design technique, où les designers se sont clairement éclatés. Que l’on apprécie ou non la marque, on ne peut qu’apprécier ce travail des lignes, des formes et des jeux de lumière. La peinture de série, l’Or cuivré, souligne à merveille ce raffinement visuel. Pour du gris ou du noir, il faut ajouter respectivement 750 et 900 €. Alors forcément, cela fait clairement tâche sans les grandes jantes alu. Loin de moi l’idée de faire une fixette là-dessus…
Mais regardons les choses différemment. Prenez une Dacia Sandero… Les jantes en tôle ont un design spécifique et adapté aux enjoliveurs pour donner l’illusion de jantes alliage. Ça marche super bien et ça donne un rendu bien plus valorisant. La DS 4 Bastille arbore des jantes en tôle traditionnelles. Les enjoliveurs Start sont classiques dans leur dessin et sont clairement indignes d’un modèle premium. Bien que cela soit du 17 pouces, les flancs de pneus paraissent épais et le rendu se veut pataud. Il y a clairement un déséquilibre et la sensation du travail bâclé pour pousser à la consommation.

Avec une telle radinerie sur les roues, on pourrait s’attendre à des concessions draconiennes sur le reste. Mais en fait, non. De série, la DS 4 propose de série les feux à LED, les essuie-glaces et phares auto, la climatisation automatique bizone, les vitres acoustiques, la reconnaissance des panneaux, un écran tactile de 10 pouces, des prises USB, des modes de conduite, des poignées de porte affleurantes ou encore un éclairage d’ambiance à LED. La liste est encore longue mais vous aurez compris que la dotation est relativement généreuse, si bien que l’on ressent un déséquilibre dans cette finition Bastille. J’ai l’impression que l’équipe marketing a volontairement voulu enlaidir l’entrée de gamme. D’ailleurs, il n’y a même pas de radar de recul, pas même en option. L’objectif ? On pourrait penser que c’est pour inciter à passer sur la finition supérieure. Mais est-ce vraiment le cas ?
Bastille + : la VRAIE entrée de gamme qui dépasse les 30 000 €
Si on y regarde de plus près, la stratégie de DS est claire. Les options de la DS 4 Bastille sont très minces. Vous pouvez opter pour la prédisposition pour roue galette à 50 € (mais sans la route galette), une lampe de lecture à LED facturée 47,38 €, deux peintures métallisées, un cric vendu à 60 € qui nécessite le montage d’un technicien spécialisé en concession ou encore un module isotherme à 243,82 €. Vous l’aurez compris, il n’est pas même possible d’opter pour des jantes alliage ou un radar de recul en option. Une radinerie devenue rare lorsque l’on s’apprête à débourser 29 200 € pour une compacte premium. Le pire ? Sur le DS 3 Crossback, les jantes alliage 17 pouces sont offertes de série…

Alors bien sûr, vous me direz que tout le monde n’a pas la nécessité de jantes alliage sur une voiture, d’un intérieur très cossu… Certes… Mais nous sommes sur le segment premium et pour tenir tête face à la concurrence, tout se joue dans le détail. Et là, on peut clairement regretter les choix opérés sur la DS 4 Bastille. La voiture paraît fade, avec un intérieur terne.
D’ailleurs, on trouve une version Bastille + qui offre de série les jantes alliage 17 pouces et le radar de recul… Des équipements qui auraient dû figurer dès l’entrée de gamme et qui ont une conséquence directe : 1 000 € de plus. Il va de soit qu’à la revente, ces deux suppléments s’avèrent indispensables pour donner de la crédibilité à ce moment premium. Le pire, c’est qu’avec 130 chevaux de série, la DS 4, même d’entrée de gamme, est mieux motorisée que ses concurrentes allemandes. Quand je vous disais qu’il y avait un déséquilibre avec une entrée de gamme à deux niveaux…

Alors bien sûr, on pourrait penser que nous sommes hostiles à la DS 4. Mais c’est pas le cas. Je la trouve personnellement très réussie. Mais une nouvelle fois, je déplore cette obligation à peine cachée de mettre la main au porte-feuille pour avoir un modèle décemment équipé. Quant au pourcentage de vente du modèle, il devrait être relativement mince car rationnellement, la DS 4 Bastille, ce serait un petit peu comme une choucroute sans chou, on passe à côté de l’essentiel. Si DS a déjà du faire face aux critiques avec son fleuron DS 9 produit en Chine (car destinée essentiellement à ce marché), cette DS 4 sur jantes tôle ne devraient pas arranger les affaires de la marque.
mais BMW, audi et mercedes sont aussi connus pour leur radinerie sur les versions de base
“Premium” et “voiture française” ne rentreront jamais dans la même phrase! La volonté -a force de markéting et pas de vrai qualité- de jouer entre les meilleures marques, ne se soutiens pas seulement avec des tapis de sols épaisses, des formes bizarres et des jolies cuirs…. A la base, c’est un Citroën (et rien a voir avec la merveilleuse marque du siècle XX). Rien de plus banale.