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Peugeot 908 RC : cette belle oubliée (que j’aime toujours)

Il y a des rencontres que l’on n’oublie pas. J’avais treize ans lorsque mon père m’a amené au Mondial de l’Automobile de Paris, pour la première fois. C’était en 2006. Une époque qui semble déjà bien lointaine, où l’on commençait tout juste à envisager l’idée que la pollution automobile pouvait exister, et qu’il faudrait agir dans les années suivantes. La voie retenue, cela a été celle de la diesélisation massive du parc automobile français, bien encouragée par le bonus-malus “écologique” mis en place l’année suivante. Parmi les innombrables concept-cars, je suis resté scotché face à la Peugeot 908 RC. Une voiture restée chère dans mon cœur et qui marque clairement l’avènement d’une époque. Bien qu’elle n’ait eu aucune suite en série, je tenais à revenir un petit peu sur l’histoire de ce concept-car unique en son genre.

Peugeot 908 RC : la force de la symbolique

Élégamment présentée sur un stand, la Peugeot 908 RC ne pouvait pas laisser indifférent. Cette imposante silhouette, longue de 5,12 mètres, impressionne par la pureté de sa ligne, l’agressivité de son faciès et l’élégante de sa proue. Habillée de noir, la belle conserve un certain mystère, qui invite à découvrir de plus près un habitacle gris clair, plutôt avant-gardiste. Ce prototype, c’est un mélange des genres, qu’il faut apprécier dans l’ensemble… Mais aussi dans les détails. L’idée de la marque, c’était de créer une limousine de course. Un paradoxe finement exécuté puisque le côté élégant est indéniable, avec notamment ces immenses jantes chromés à bâtons (20 pouces à l’avant, 21 à l’arrière), ce design très fluide et des touches chromées judicieusement disposées. Et que dire de cette ligne iconique… On note d’ailleurs un éclairage à LED, alors très peu répandu, ce qui accentue là encore ce côté technologique, façon bijou.

L’ensemble s’accompagne d’un immense toit panoramique, qui est en réalité le prolongement du pare-brise (avec une séparation tout de même). Pour le côté sportif, on peut noter ce museau délicatement avancé, ces optiques très affilées, ce grand pare-choc avant et bien sûr, la quadruple sortie d’échappement. Le tout s’accompagne d’une ligne de caisse volontairement très basse, en faisant l’impasse sur le “superflu”, comme les poignées de portes. Il y a une véritable recherche dans l’épuration du style. En somme, un style chic & sport qui fonctionne très bien ! Deux ans plus tôt, Peugeot avait sorti la 907, un superbe coupé à moteur V12 essence, lui aussi très impressionnant et qui laissait inspirer le développement d’une branche sportive et/ou de prestige, de la marque au lion. Mais pour la 908 RC, l’objectif est différent.

La compétition inspire la série… Et vice-versa…

Alors que la 907 recevait un moteur V12 essence à l’avant, la Peugeot 908 RC reçoit le moteur V12 HDI en position centrale arrière. À l’heure de la diesélisation massive en série, la marque au lion a fait le choix d’exploiter le Diesel en compétition et notamment aux 24 Heures du Mans. Quelle meilleure publicité que de convaincre de l’efficacité et de l’efficience d’un moteur que de remporter une course aussi prestigieuse ?

La Peugeot 908 RC (dont le nom n’a pas été laissé au hasard non plus), symbolise également cet engagement imminent en compétition. Il n’y avait donc pas la vocation de développer une version de série de cette 908 RC. Le segment des grandes routières n’était guère le plus rentable. Quatre ans auparavant, beaucoup espéraient la commercialisation de la Peugeot 607 Pescarolo (et son moteur V6 de 400 chevaux) mais cela n’avait pas été le cas.

Derrière les sièges arrière, on trouve un impressionnant moteur V12 HDI de 5.5 litres, développant 700 chevaux et plus de 1 200 Nm de couple. Des chiffres impressionnants, d’autant plus que ce moteur a été implanté le plus bas possible, pour abaisser le centre de gravité.

Ce moteur reçoit par ailleurs deux filtres à particules, là encore pour appuyer ce côté respect de l’environnement… Et une boîte de vitesses séquentielle à six rapports. Une architecture qui sera alors reprise plus ou moins sur la 908 HDI engagée aux 24 Heures du Mans. D’ailleurs, la carrosserie était partiellement en carbone, ce qui aboutissait à une masse de “seulement” 1,8 tonne. On notera aussi des freins de grands diamètres, une aérodynamique excellente et une parfaite gestion des flux d’air.

Un habitacle (aussi) avant-gardiste

Ce qui m’impressionne aussi sur cette Peugeot 908 RC, c’est aussi la modernité de son intérieur. Le style en est presque contemporain ! On trouve déjà un écran tactile central de 10,4 pouces, positionné à la verticale. À l’époque, on parlait d’interface homme/machine. L’ensemble était aussi commandable depuis les places arrière, grâce à un second écran, en miroir. Un habitacle qui fait la part belle aux matériaux nobles, avec de l’aluminium brossé, du chrome, un montre Bell&Ross, du cuir, du chêne brun…La boîte à gants était d’ailleurs réfrigérée tandis que les sièges baquets recevaient une très belle finition. Le plus impressionnant, c’est que l’ensemble a très bien vieilli ! Les traits sont simples, efficaces, incisifs tandis que la question de l’ergonomie a été traitée avec un certain brio. Je suis toujours aussi fasciné par ce concept-car. L’aileron arrière était d’ailleurs déployable à la demande… Et quand c’était nécessaire uniquement.

L’ensemble est baigné de lumière, avec une surface vitrée de 3m2, bien aidée par cet impressionnant pare-brise panoramique ! Avec cet arrière imposant et profilé, la Peugeot 908 RC parvient à la fois à y ranger cette cathédrale de cylindres tout en proposant un volume de coffre de 300 litres… Sans oublier les 220 litres de l’avant ! Très aboutie, la Peugeot 908 RC est véritablement une limousine posée sur un châssis de course. Son design, inspirée également les concept-cars Peugeot RC Pique et Carreau, a démontré le savoir-faire de la marque… Et le pari est pleinement rempli. Bien qu’elle n’ait pas eu vocation à être produite en série, il est souvent évoqué le fait que la RCZ aurait emprunté quelques traits à la Peugeot 908 RC. Pour le reste, c’est un superbe prototype, exposé au musée de l’Aventure Peugeot de Sochaux, qui est trop souvent oublié.

En 2008, soit deux ans plus tard, le concept-car Peugeot RC Hybrid4 a été dévoilé. Un modèle au style modernisé donc, un peu plus compact et motorisé par une motorisation hybride essence-électrique. La marque au lion envisageait-elle déjà l’après-Diesel ? Toujours est-il que la future Peugeot 9X8, qui participera aux 24 Heures du Mans 2023, est désormais hybride-rechargeable. Quant à cette Peugeot 908 RC, elle demeure, à mon sens, l’une des plus belles voitures jamais dessinées. Un mélange d’ambition, d’audace et de symbolique, comme on en voit de plus en plus rarement. Il est toujours plus difficile de dessiner une belle voiture tout en conservant des traits épurés…

Thomas Drouart

J'ai fondé PDLV à 13 ans, c'était il y a... Pas mal de temps déjà ! Ma passion pour l'automobile n'a fait que s'intensifier. Depuis, ce blog a prospéré et nous permet de vivre notre passion à 100%. Mon pêché mignon ? Les Fiat Panda 100HP, les Porsche 911 type G et les brochettes bœuf-fromage. Je m'intéresse à tout ce qui roule, même si mon allergie au diesel me rapproche bien souvent du pistolet vert.

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