
Il y a quelques jours, Peugeot nous conviait au Portugal pour prendre les commandes de la Peugeot 308 restylée. Nous avons aussi eu l’occasion de découvrir plus concrètement le volant du futur de la marque : l’Hypersquare. Forcément, nous étions assez perplexes. Peugeot a-t-elle vraiment réinventé le volant ? Est-ce un simple gadget marketing ? Nous avons surtout voulu voir si un tel objet pouvait avoir sa place au sein d’une voiture de série. Car contrairement aux idées reçues, celui-ci sera bien proposé sur de futures productions de la marque au lion.
Hypersquare : de quoi parle-t-on ?
Réinventer le volant, certains constructeurs automobiles l’ont fait, avec un bilan parfois mitigé. On pensera notamment au volant Yoke de Tesla qui a ses adeptes, mais qui n’a guère convaincu la masse. Chez Peugeot, l’approche a été différente. L’ergonomie a dicté le design, ce qui donne un « volant » rectangulaire paré de quatre creux. Chacun d’eux accueille des commandes accessibles facilement et proposerait une prise en main naturelle.

Pour autant, cette nouveauté s’accompagne surtout d’une direction steer-by-wire. Cela signifie qu’il n’y a plus de liaison physique entre le volant et les roues. Le tout est entièrement automatisé et permet d’avoir une approche assez différente de ce que l’on connaît. Nul besoin de multiplier les tours de volant pour faire un demi-tour puisqu’un seul tour suffit désormais.
Une démultiplication adaptative
Se passer d’une liaison mécanique entre le volant et les roues, cela peut effrayer… Pourtant, certains constructeurs automobiles le font déjà, notamment Lexus sur certains modèles. Peugeot sera le premier constructeur généraliste à proposer cette technologie en grande série, en complément de ce nouveau volant. La force va être de proposer une démultiplication qui varie avec la vitesse. Plus vous allez vite, plus la direction se rigidifiera artificiellement. À l’inverse, pour un simple créneau, la gestuelle sera encore plus simple, en minimisant les efforts.


La taille plus réduite de ce volant Hypersquare maximise aussi la visibilité. Et mine de rien, c’est assez appréciable. Naturellement, celles et ceux qui l’essayeront devront accepter de revoir certaines habitudes… Les quatre cercles de commandes sont fonctionnels : ils permettent d’accéder à différentes fonctionnalités de la voiture, avec un ressenti assez agréable. Derrière, le volant, on trouve aussi des palettes qui donnent accès aux clignotants, à l’éclairage ou encore au klaxon. Très typé jeu vidéo d’apparence, ce volant surprend la réflexion qui gravite autour de la nécessité de repenser le volant.
La prise en main : c’est surprenant
Déjà, il existe plusieurs variantes du volant Hypersquare, ce qui permet d’avoir plusieurs ambiances et d’imaginer des déclinaisons en fonction du segment… Et de la sportivité éventuelle du modèle de voiture. La conception globale reste la même avec un rectangle aux bords arrondis. La prise en main est assez bonne… Si la première impression est étrange, on trouve assez vite un bon placement de main. Mieux encore, cela semble assez naturel… Niveau texture, le grip est assez bon, avec un pourtour qui permet une bonne adhérence. On trouve assez vite ses repères. Depuis quelques mois déjà, Peugeot multiplie les tests auprès de multiples profils d’automobilistes pour recueillir leur ressenti.

La marque confirme avoir un taux d’acceptation très élevé. Bien sûr, il y aura toujours des réfractaires puisque la forme circulaire du volant est ancrée dans les habitudes. Si la préhension de ce volant est étonnamment bonne, voyons ce que cela donne en conditions.
Des habitudes à prendre
Le fait d’avoir un angle de braquage limité à 170° dans un sens comme dans l’autre est la principale différence avec un volant traditionnel. Cela est pourtant dû à la présence d’une colonne de direction sans liaison mécanique. Sur les simulateurs, qui reproduisent assez fidèlement le feeling, on prend assez vite nos repères puisque tout est étonnamment intuitif. On se prend assez vite au jeu. Plus la vitesse augmente, plus la direction se rigidifie. C’est fluide et pertinent, si bien qu’une application en série semble être une continuité assez logique. On peut même conduire avec une seule main à l’occasion. L’Hypersquare offre un agrément assez particulier.

L’absence de liaison mécanique implique d’exploiter deux modules électriques. Le premier est situé derrière le volant ; le second est aux roues. Pour plus de sécurité, ils sont placés dans des carters distincts et communiquent en temps réel pour remonter les informations. Les moteurs, contrôleurs et batteries ont été doublés pour pallier à tout dysfonctionnement éventuel. Voilà qui est plutôt rassurant. En généralisant ce dispositif, Peugeot simplifiera la conception de ses futurs modèles, en standardisant cette technologie, tout en facilitant la transformation d’un véhicule avec le poste de conduite à gauche ou à droite.
Et le feeling dans tout ça ?
Conduire une voiture, c’est aussi (et surtout) une histoire de feeling. La liaison mécanique entre le volant et les roues a des avantages : cela permet de bien ressentir la route, les remontées de couple, une éventuelle perte d’adhérence. Le fait de se passer de cette liaison ne risque-t-il pas de nous priver de certaines sensations ? Cette question, nous l’avons posée aux équipes de développement. Le moteur électrique placé au dos du volant Hypersquare est capable de faire remonter les informations « utiles ». On retrouve donc un feeling « utile » qui permet de bien ressentir la voiture.

Sur les simulateurs, tout n’était pas encore parfaitement au point. Néanmoins, cela donne un premier aperçu, assez convaincant. Est-ce mon côté vieux con ? J’ai néanmoins du mal à imaginer que l’électronique puisse retranscrire parfaitement le feeling mécanique d’une direction. Je crains ce côté un peu trop aseptisé, voire peut-être même caricatural… L’approche de Peugeot en la matière est pourtant assez judicieuse, avec un calibrage qui semble bien maîtrisé et la volonté de remonter les informations de matière juste, en visant le juste équilibre. Il faudra voir la version finalisée de l’Hypersquare, sur route, pour juger pleinement de l’efficacité de ce volant du futur.
Hypersquare : gadget marketing ou vraie innovation ?
Nous sommes dans une époque où tout va très vite, notamment en matière d’innovations. Seulement, les bonnes idées ne sont pas toujours adaptées à la série. Le volant Hypersquare a été présenté pour la première fois en 2023 (sur le concept-car Inception) et il a toujours suscité de l’interrogation. Repenser le volant, c’est un affront aux yeux de certains. Pourtant, la démarche de la marque au lion semble pertinente. Le design a été dicté par la fonction et cela se ressent. Ce volant offre une prise en main bien meilleure qu’il n’y paraît. S’il sera proposé sur de futurs modèles de la marque (avec la direction sans liaison mécanique), il ne sera pas implanté de série.

Pour ma part, j’apprécie l’audace et la réflexion globale qui gravite autour de ce projet. Ce volant de nouvelle génération (avec sa direction) constitue un véritable tournant. L’ergonomie étant bonne, les utilisateurs gagneront en confort au quotidien, à la condition de laisser sa chance au produit. Nous, on a hâte de pouvoir essayer la version finalisée sur route. Cela ne sera pas réalisable avant quelques mois encore…





