
Il copie la Mégane RS des gendarmes ? En fait, pas vraiment…
Dimanche 14 novembre 2021, dans une publication sur leur page Facebook, les gendarmes de la Drôme font une opération de contrôle et parviennent à intercepter ce qui s’apparenterait à une fausse Mégane RS de gendarmerie. Forcément, l’affaire fait les gros titres et déclenche une avalanche d’articles aux titres putaclic. Mais dès lors que l’on pousse un petit peu les recherches, on se rend assez vite compte que l’affaire est loin d’être aussi simple. Le fautif en question ? Le gérant d’une société de signalisation, qui prépare notamment bon nombre de véhicules appartenant aux forces de l’Ordre. Risque-t-il vraiment une contravention ?
Un véhicule publicitaire audacieux
Dans le domaine de la signalétique, il est important de se démarquer. Forcément, le choix du véhicule d’entreprise est essentiel. Il doit montrer le savoir-faire mais aussi le domaine de compétence du professionnel en question. Antoine Rafflin, gérant de l’entreprise RAS Distribution, a fait le choix en 2017, de s’offrir une Renault Mégane 3 RS, couleur bleu Extrême. Une configuration similaire à celles des Mégane utilisées par les Équipes Rapides d’Intervention (ex-BRI) de la gendarmerie. Ce dimanche, à l’occasion d’un contrôle radar sur l’autoroute, le peloton de Valence a aperçu une Mégane 3 RS qu’ils apparentent à une voiture de gendarmerie. Sur la publication Facebook qui en découle, on découvre les deux Mégane, qui semblent effectivement similaires. De piètre qualité, la photo ne permet pas réellement de percevoir la voiture du “malfrat”.
Bien que la gendarmerie ait reçu 17 Seat Leon Cupra, les Mégane RS de gendarmerie sont encore très nombreuses dans les effectifs. Sur l’aide de Lattitude 45, les gendarmes décident de l’immobilisation de cette “fausse” Mégane RS de gendarmerie. Une procédure d’immobilisation aurait décidée jusqu’à la remise en conformité par un garagiste. Cela s’accompagne également de sanctions qui pèse sur le fautif. Il encourt notamment jusqu’à 6 mois de prison et jusqu’à 7 500 € d’amende pour “infraction d’usage public de véhicule pouvant créer une méprise avec ceux de la gendarmerie“. Mais est-ce bien justifié ?
La “fausse” Mégane RS de gendarmerie en question
Sur la page Facebook de l’entreprise de signalétique, on peut découvrir différents clichés de cette fameuse Mégane RS. Depuis son acquisition en début d’année 2017, la sportive française a connu bon nombre de livrées, dont une singeant réellement les Mégane RS de gendarmerie. Depuis quelques années déjà, elles conservent ses bandes fluorescentes à l’avant comme à l’arrière mais le stripping latéral n’a rien à voir avec celui d’une voiture de gendarmerie. En effet, le visuel ne laisse pas vraiment de place au doute dès lors que l’on regarde quelques secondes le modèle.
Beaucoup pourront percevoir cela comme de la provocation. Néanmoins, l’entreprise de signalétique en question réalise bon nombre de sérigraphies à destination des véhicules de police, de secouristes, de la police municipale et même de pompiers. Peut-on leur reprocher d’avoir un véhicule de présentation qui fait un clin d’œil à cette activité ? Chacun pourra se forger son propre avis.

Que retenir de cette affaire ? À vrai dire, pas grand chose. La gendarmerie de la Drôme voulait probablement marquer le coup en faisant un “exemple”. Le gérant d’entreprise sera-t-il réellement sanctionné ? C’est difficile à dire pour le moment puisque les amendes maximales sont rarement appliquées. Par le passé, cette Mégane a déjà reçu quelques attributs propres aux voitures de gendarmerie, mais plus rien de tout cela ne semble encore présent désormais. À l’exception du panneau à message variable, non fonctionnel.
Selon des propos relevés sur la page Facebook de RAS Distribution, c’est principalement la partie arrière de la Mégane qui posait problème. En effet, celle-ci est particulièrement similaire aux Mégane RS restant dans les effectifs de la gendarmerie. Ironiquement, le gérant de l’entreprise se rendait au salon Solutrans, dans le but d’exposer sa Mégane, suite à l’invitation d’un partenaire, fournisseur officiel de la gendarmerie nationale.
Copies de voitures de gendarmerie : de multiples affaires…
Bon nombre de particuliers et professionnels se sont déjà “amusés” à s’inspirer de près ou de loin des voitures de forces de l’Ordre pour mettre en avant leur activité ou tout simplement pour s’amuser. Dans tous les cas, la sanction encourue est la même. Cela n’a pas découragé plusieurs personnes de reproduire plus ou moins fidèlement des voitures de gendarmerie. Ces affaires sont généralement assez médiatisées, dans le but d’attirer l’attention et surtout de dissuader de reproduire cela.

En 2015, un particulier a eu l’idée de reproduire une décoration plutôt similaire aux Mégane RS de la gendarmerie pouvait être aperçue dans les rues de Briey-Bas, en Meurthe-et-Moselle. La décoration latérale était composée de trois bandes blanches épaisses, intercalées avec “C’est pas nous”. Autant dire que beaucoup d’automobilistes ont du avoir des frayeurs sur la route ! L’histoire, relayée par le média Républicain-Lorrain notamment, indique le propriétaire de la Mégane n’a pas hésité à présenter la voiture à un officier de l’ERI de Phalsbourg afin de s’assurer qu’il ne finirait pas en garde à vue. Cela n’a pas été le cas ! Il semblerait que cette Mégane ait perdu sa décoration.

Toujours dans le côté un peu provocation, il y avait eu cette Renault Clio 3 RS qui avait beaucoup fait parler en son temps. Irronie, elle fut immatriculée dans la série “BAC”. La livrée s’inspirait clairement de ce que l’on trouvait notamment sur les Subaru Impreza en leur temps. Comme son nom l’indique, cette voiture servait permettait d’annoncer une rôtisserie de la franchise La Maison Poulaga. L’humour un peu potache a toujours été poussé jusqu’au bout, en jouant sur les symboles et en reprenant les codes des véhicules de gendarmerie. Sachez par ailleurs que l’enseigne propose la livraison de poulet à domicile. La blague était presque trop facile.

L’année dernière, Dylan appliquait une décoration particulièrement originale sur sa Seat Leon Cupra. À l’époque, la gendarmerie n’avait pas encore reçu ses 17 Cupra. Ce passionné n’a pas manqué de devancer les gendarmes en faisant cette réalisation presque parfaite, qui a grandement illustré les voitures de gendarmerie qui ont suivi ! Au bout d’un mois, la médiatisation du projet a fait grand bruit, ce qui a contraint Dylan a retiré la décoration de sa voiture. Cette fois, la décoration latérale, c’était “Panique pas”. La trop forte ressemblance avec les véhicules officiels a malheureusement joué en sa défaveur.