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Ma première fois en bus électrique ! Ça donne quoi ?

La transition vers l’électrique n’est pas seulement l’apanage des voitures. Depuis quelques années, les villes tendent à électrifier leur parc de transports en commun. Les bus électriques gagnent du terrain et interrogent autant qu’ils séduisent. Nous avons profité du déploiement de quelques Heuliez GX 337 Elec dans la ville de Laval pour tester ces bus de nouvelle génération et demander l’avis aux conducteurs. Une découverte rapide qui permettra d’aborder la problématique de l’autonomie et de parler silence de fonctionnement. Voici donc quelques informations à connaître sur ces bus onéreux et qui font beaucoup parler…

Des bus électriques ? Et pourquoi pas !

Il y a deux ans, nous faisions un reportage sur le réseau de bus TUL, de la ville de Laval. À l’époque, le réseau était encore exploité par Keolis. Entre temps, le marché a été remporté par RATP Dev, qui a désormais pris les rênes du réseau depuis le 1er septembre 2023. À cette occasion, les lignes du réseau ont été revues, un nouveau logo a pris place et de nouveaux autocars ont remplacé les plus anciens et 6 bus électriques ont été commandés. Cela fait suite à un test de plusieurs types de matériels. Finalement, c’est le modèle Heuliez GX 337 Elec qui a été retenu. Notons cependant que le réseau lavallois dispose déjà de minibus électriques, en l’occurrence des Bolloré Bluebus de 6 mètres.

Et ce n’est pas un mal puisque les dernières livraisons de matériel neuf remontent au mois de septembre 2020, soit 3 ans. Ces six nouveaux véhicules viennent fraichement d’être livrés. Il s’agit de modèles standard, long de 12 mètres et disposant de trois portes d’accès. Dans les faits, le réseau possédait déjà des GX 337, exclusivement thermiques. En 2017, le réseau avait aussi reçu en 2017 deux bus MAN à moteur hybrides. Sur le marché, les bus électriques sont de plus en plus nombreux. Bolloré en propose déjà depuis longtemps, tout comme Mercedes et enfin Heuliez, qui a même abandonné le thermique. Les bus au gaz (GNV) sont également devenus plus rares alors qu’ils étaient très répandus.

Heuliez GX 337 Elec : la fiche technique

À Laval, le modèle retenu est donc le Heuliez GX 337 Elec, commercialisé depuis 2017. Il se décline en quatre longueurs différentes : 9,5 mètres, 10,7 mètres, 12 mètres ou 18 mètres (articulé). À Laval, le marché porte donc sur des modèles standards. Ils sont équipés d’un moteur syncrone d’une puissance de 120 kW, soit environ 163 chevaux, pour plus de 1 000 Nm de couple. Les batteries sont intégrées sur le toit (pour 6 d’entre eux) et à l’arrière (pour 2), avec une capacité de 360 kWh, pouvant plus de 500 kilomètres d’autonomie. Ces modèles nécessitent l’installation de bornes de recharge au sein même du dépôt, afin de pouvoir être rechargé chaque soir, à la fin de service. D’ailleurs, les bus électriques ont besoin d’un temps de chauffe, avant chaque service, au même titre qu’un véhicule thermique.

À mon sens, la livrée du 602 est la plus réussie !

En matière de design, ces Heuliez GX 337 Elec sont de beaux véhicules. Ils bénéficient du dernier restylage et se dotent d’un design résolument moderne. Le réseau TUL de Laval expérimente par ailleurs de nouvelles livrées sur ces 6 véhicules, chacun en ayant une différente, avec une couleur récurrente : le vert. Les utilisateurs sont d’ailleurs invités à voter pour la livrée qu’ils préfèrent sur le site de Laval Agglo. La livrée retenue sera alors appliquée sur les 12 véhicules électriques qui seront livrés en 2024 et 2025. Notons aussi que ces bus électriques représentent une dépense importante : 550 000 € l’unité, soit près de deux fois plus qu’un bus thermique classique. Un tarif salé compensé par des coûts de roulage et d’entretien plus faibles qu’un bus Diesel.

Une image ternie par des incendies…

À Paris, l’offre en bus électrique est conséquente… Mais elle est aussi à l’origine d’un fiasco, qui a clairement entaché l’image du bus électrique. En effet, en 2022, deux Bolloré Bluebus 12 ont pris feu dans la capitale, à quelques jours d’intervalle. Cela a amené la RATP à immobiliser l’intégralité du parc, soit 148 unités. Lors de notre essai du Skoda Enyaq, nous sommes passés aux environs de Coulommiers (la ville, pas le fromage) où les Bluebus parisiens sont stockés depuis bien longtemps déjà, le temps de leur vérification par le constructeur.

Grosse surprise que de croiser autant de Bollore Bluebus dans l’est de l’Île-de-France !

En août 2023, trois bus électriques Bolloré ont également pris feu dans un parking. Autant d’événements qui ont terni l’image des bus électriques. Pourtant, à côté de cela, ce sont généralement des véhicules qui offrent une bonne satisfaction. À Paris, on trouve plusieurs modèles électriques et tout se passe très bien.

À Paris, il ne faut pas se balader bien longtemps pour croiser un bus électrique !

Le fait d’avoir une énergie électrique a même du sens pour les lignes purement urbaines. À Laval, ces bus électriques de dernière génération officient exclusivement sur la ligne B, dont le tracé est majoritairement urbain. Un milieu qui correspond pleinement à ce que peut proposer un bus électrique, avec des phases d’accélération, de décélération et de freinage régulières.

Pourquoi des bus électriques à Laval ?

Le réseau de bus de la ville de Laval est majoritairement urbain bien que plusieurs lignes évoluent dans les villes aux alentours. Le réseau avait misé pendant longtemps sur le GPL dès le début des années 2000. Le parc complet est aujourd’hui réformé, même les modèles les plus récents qui ne dataient que de 2009 ! Un choix qui s’expliquait par la volonté de se tourner vers d’autres énergies. C’est ainsi que deux premiers bus hybrides ont été mis en service et que, six ans plus tard, ce sont désormais six véhicules 100 % électriques qui arpentent le réseau. Le pari est de taille, car le réseau de Laval est relativement petit par rapport à d’autres. Il ne comprend qu’une centaine de véhicules, dont un bon quart d’autocars, cinq minibus et huit articulés longs de 18 mètres.

Ici à l’arrêt de la gare, le 601 est affecté sur la ligne B. Les lignes arrière sont très jolies.

En 2021, le réseau des TUL se questionnait déjà sur le choix de véhicules plus vertueux pour l’environnement. Plusieurs modèles ont alors été prêtés par les constructeurs afin de les tester sur le réseau. Il y a avait aussi bien des véhicules électriques que d’autres fonctionnant au GNV. La discussion portait alors sur un équilibre entre ces deux énergies. Finalement, il fut décidé d’équiper le réseau de 18 bus électriques, en l’occurrence le modèle GX 337 Elec de Heuliez, qui sera livré en 3 lots de 6 véhicules, de 2023 à 2025. Les six premiers exemplaires de 2023 roulent exclusivement sur la ligne B, qui est, avec la A, la plus fréquentée du réseau. Cette dernière n’est pourtant desservie que par des véhicules standards, ce qui peut créer des situations de charge importantes aux heures de pointe.

Un Heuliez GX337 Elec qui a de la gueule !

Maintenant, parlons un peu design. Long de 12 mètres, le GX 337 Elec standard est un beau bus. La face avant accueille des phares joliment dessinés, inscrits dans un masque noir. L’ensemble est relié au niveau de la partie basse du pare-choc, ce qui permet de bien dessiner l’ensemble. La baie de pare-brise est aussi étirée vers le bas grâce à un artifice : la mise en peinture de la partie inférieure. Là encore, cela donne un rendu très contemporain. Le pare-brise comprend également la girouette ‘(qui affiche la ligne et la destination) en hauteur. Au niveau du profil, la ville de Laval a retenu la configuration à 3 portes à doubles battants. Ce modèle existe aussi sans la dernière porte. Sur le toit, on trouve les racks de batterie, qui augmentent la hauteur de caisse. Le vitrage, fumé, est très lisse, ce qui donne un design moderne.

L’immonde place du 11-Novembre va enfin être réhabilitée. Ici, le 604 contourne les travaux.

Du côté gauche, pas de porte donc, mais un vitrage qui descend plus bas sur la partie basse, ce qui apporte plus de luminosité à bord. À l’arrière, les feux sont bien dessinés. Eux aussi disposent d’un masque noir. La lunette arrière est uniquement sur la partie haute tandis que la caméra de recul aurait mérité une meilleure intégration. Elle est très visible. On trouve même un semblant de diffuseur. Autant dire Autre élément sympa, des motifs apparaissent sur les côtés latéraux du capot moteur. Pour la livrée, il s’agit donc d’expérimentations. Seule l’une des six sera retenue et appliquée sur le restant du parc électrique. Les autres bus TUL conserveront donc l’actuelle livrée grise habillée de lettres colorées.

L’intérieur est vraiment très cool. Au sol, on trouve un motif façon parquet, ce qui donne un côté chaleureux qui fonctionne vraiment bien. Les sièges ont une structure blanche et le revêtement s’habille d’un joli turquoise aussi. Les carénages de roue passent en marron. On trouve bien sûr un espace dédié aux personnes à mobilité réduite et aux poussettes. Comme c’est de coutume, la porte 2 accueille une rampe PMR déployable électriquement depuis le poste de conduite. Autant dire que c’est un sans-faute pour l’intérieur. Hormis bien sûr quelques petits détails, comme l’écran intérieur qui affiche un message d’erreur en continu ou bien la girouette qui ne fonctionne pas sur le 603, remplacée par une feuille de papier vert sur laquelle est inscrit un grand B tracé au feutre. Cela sera bien sûr corrigé d’ici peu !

La livrée contraste fortement avec la précédente.

Hormis ça, ces Heuliez GX 337 Elec sont de jolis bus et les expérimentations de livrées sont très cool aussi. D’ailleurs, voici la présentation des livrées des quatre premiers véhicules en circulation. Les deux derniers le seront très prochainement. La numérotation, dans la série 600, commence étrangement à 600 et non pas à 601, comme c’était de coutume jusqu’à présent. Une volonté du nouveau prestataire RATP DEV ?

NuméroLivréeImmatriculationMise en service
600600 Heuliez GX 337 Elec TUL Laval GR-290-EHGR-290-EH01/10/2023
601601 Heuliez GX 337 Elec TUL Laval GQ-915-NJGQ-915-NJ04/09/2023
602602 Heuliez GX 337 Elec TUL Laval GQ-356-MXGQ-356-MX04/09/2023
603603 Heuliez GX 337 Elec TUL Laval GQ-573-MXGQ-573-MX04/09/2023
604604 Heuliez GX 337 Elec TUL Laval GQ-063-NKGQ-063-NK04/09/2023
605605 Heuliez GX 337 Elec TUL Laval GR-993-LBGR-993-LB01/10/2023

Les bus électriques sont-ils vraiment silencieux ?

Les voitures électriques ont la réputation d’être plus silencieuses que les voitures thermiques. Mais cela est-il vrai aussi pour les bus ? C’est ce que j’ai voulu vérifier. Pour cela, une petite expérience simple s’impose. Il suffit de faire des relevés sonores depuis l’arrière de différents bus, sur un même parcours et dans les mêmes conditions. Bien sûr, ce test aurait pu être plus complet mais il permet surtout d’avoir un aperçu général du niveau sonore que l’on peut percevoir entre un bus à moteur Diesel et son homologue électrique.

Irisbus Citelis 18
Diesel – n°505
Heuliez GX 337
Diesel – n°134
Heuliez GX 337 Elec
Électrique – n°603
Enregistrement sonore
Type de véhiculeBus articuléBus standardBus standard
ÉnergieDieselDieselÉlectrique
Année201320182023
MoteurIveco Cursor 8Iveco Tector 7Électrique syncrone
Niveau sonore moyen78 dB77 dB69 dB

Pour comparer de manière plus juste, nous porterons notre attention sur la notion AVG, qui établit une moyenne plus “logique” et fiable. Le premier constat, c’est que les deux bus Diesel mesurés ont un niveau sonore très proche, avec un seul décibel d’écart. À l’oreille, on ne perçoit pas réellement de différence. Quant au bus électrique, le niveau sonore est tout de même élevé mais on perçoit un différentiel de près de 10 décibels. Sur le papier, cela peut paraître négligeable mais le logarithme du rapport de grandeur des décibels fait qu’une augmentation de trois décibels engendre un bruit deux fois plus fort. On observe donc un plus grand silence à bord des Heuliez GX 337 Elec. C’est encore plus flagrant à l’arrêt, avec un silence absolu. Indéniablement, les bus électriques apportent une vraie valeur ajoutée en matière de confort acoustique.

À l’arrêt, le silence est (presque) total !

Ce n’est pas silencieux pour autant mais c’est tout de même très agréable. Le design sonore a également été travaillé en conséquence, afin d’être audible pour les piétons. Je dois reconnaître que ce son est bien appréciable !

Les conducteurs semblent plutôt contents !

Il ne restait plus qu’à demander l’avis à des conducteurs sur ce qu’ils pensaient des Heuliez GX 337 Elec fraîchement arrivés. Des avis qui sont plutôt positifs, qui soulignent le silence de fonctionnement, la souplesse ou encore la belle autonomie. Ce lundi 11 septembre 2023, le conducteur du 603 m’a montré qu’il restait encore 324 kilomètres d’autonomie alors qu’il était déjà 16 h 30 ! Pas de changement en matière d’habitudes du côté des usagers. Visiblement, les nouveaux bus interpellent mais beaucoup ne s’y intéressent pas plus que ça. Écouteurs sur les oreilles, ils ne remarquent pas non plus le silence ambiant !

D’autres apprécient la nouveauté et la diversification des énergies. Pourtant, les avis sont assez mitigés. Les anti-électriques ne manquent pas d’arguments (pas toujours très objectifs, il faut bien le reconnaître)à tandis que d’autres notent une vraie prise de conscience écologique de la part de la métropole de Laval. Fait amusant disent parfois qu’ils vont “prendre le TUL“, ce qui montre quand même que la marque est bien intégrée.

Toujours est-il qu’en ayant fait le choix du modèle GX 337 Elec, le réseau des TUL gagne en modernité. Il faudra encore ajuster les horaires et accroître la pertinence de certains tracés qui agacent, notamment au niveau des fréquences de certaines lignes. RATP Dev, qui reprend l’exploitation, n’arrive donc pas en terrain conquis. Maintenant, il faudra encore patienter quelques jours pour que les deux GX 337 Elec (600 et 605) pas encore mis en service le soient officiellement, apportant deux nouvelles livrées de carrosserie.

Bus électrique et écologie ?

Le sujet est sensible mais la question mérite d’être posée : ces bus électriques sont-ils vraiment plus écologiques ? Impossible de répondre simplement par un “oui” ou par un “non”. Sans surprise, ces Heuliez GX 337 Elec n’émettent aucun rejet polluant lors du roulage et sont donc infiniment plus propres que leurs homologues thermiques. En ce qui concerne le système de recharge, il faut donc utiliser des bornes de recharge, qui ont été installées sur le réseau.

D’autres étaient d’ailleurs déjà utilisées pour alimenter les deux Bolloré Bluebus 6 (209 et 213) présents sur le réseau. En France, la part du nucléaire serait légèrement inférieure à 50 % de la production électrique totale. Le développement de la production d’énergie verte permettra de poursuivre les avancées en ce sens. Le point noir revient bien sûr aux batteries lithium-ion de grande capacité utilisant la technologie Lithium-ion NMC. Elles permettent d’assurer pleinement une journée de service.

Quant au recyclage de ces batteries, nos confrères de La Nouvelle République ont pu interroger Paul Quéveau, directeur général de Heuliez Bus sur cette problématique. Une batterie est considérée en fin de vie lorsqu’elle l’autonomie réelle descend à 80 % de la capacité d’origine. Entre temps, les GX 337 E se sont offerts des batteries plus capacitaires et modernes. Ces batteries considérées en fin de vie pourraient alors être utilisées pour équiper des parcs éoliens, des installations photovoltaïques ou des alimentations électriques de secours. La société Forsee Power, qui conçoit les batteries, se chargerait de trouver des solutions de ré-emploi et de recyclage. Enfin, les bus Heuliez sont fabriqués en France, à Annonay, en Ardèche.

Le mot de la fin

Avec ces nouveaux bus électriques, le réseau lavallois gagne en modernité et s’offre des véhicules neufs et plus propres. Le fait de proposer six livrées différentes permet d’impliquer davantage les utilisateurs, ce qui est plutôt une bonne chose. Si tout n’est pas encore parfait et qu’il reste des ajustements, ces Heuliez GX 337 Elec ont toutes les chances d’apporter satisfaction en milieu urbain. Les prochaines livraisons permettront d’avancer dans le renouvellement du parc qui a plus d’une dizaine d’années en moyenne. Actuellement, le réseau procède à la réforme des véhicules de 2006 qui sont donc remplacés par ces bus plus modernes. Le temps nous dira si le réseau des TUL a fait le bon choix !

Thomas Drouart

J'ai fondé PDLV à 13 ans, c'était il y a... Pas mal de temps déjà ! Ma passion pour l'automobile n'a fait que s'intensifier. Depuis, ce blog a prospéré et nous permet de vivre notre passion à 100%. Mon pêché mignon ? Les Fiat Panda 100HP, les Porsche 911 type G et les brochettes bœuf-fromage. Je m'intéresse à tout ce qui roule, même si mon allergie au diesel me rapproche bien souvent du pistolet vert.

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